Ce n'est pas un poisson d'avril, la nuit du doute est prévue pour le 1er avril prochain. Nous sommes donc à moins de 10 jours du début du mois sacré du Ramadhan. Les Algériens s'angoissent. Avec un pouvoir d'achat, déjà, en berne, ils craignent d'être saignés par les «traditionnelles» flambées de ce mois censé être sacré. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a mis le gouvernement en ordre de bataille. Le dernier Conseil des ministres a été consacré aux préparatifs de cette période hautement sensible. Des instructions claires ont été données aux membres de l'Exécutif, à leur tête le ministre de l'Agriculture et son collègue du Commerce. Depuis une semaine, ces deux «soldats» sont sur le terrain, afin de rassurer les citoyens, en dévoilant leurs plans pour créer les conditions d'un jeûne «serein». Ainsi, leur cheval de bataille sera les marchés de proximité gérés par l'Etat. 1200 marchés de la «El Rahma» vont être ouverts à travers le pays durant le Ramadhan. Ils doivent permettre aux citoyens de remplir leurs paniers avec des produits frais à des prix plus ou moins raisonnables. Leur nombre peut paraître dérisoire, au vu de l'immensité de l'Algérie, mais ils devraient pousser les autres marchands et commerçants à s'aligner, et éviter ainsi la spéculation, surtout que les services du département de l'Agriculture assurent que ces «souks» vont être approvisionnés régulièrement et en grande quantité. Il en est de même en ce qui concerne les viandes. 160 points de vente (de viandes et de volaille) ont été mis en place. Les viande rouges et blanches seront proposées à des prix préférentiels de 1100 DA le kilogramme de viande ovine et 330 DA le kilo pour ce qui est du poulet. L'huile de table, dans une nouvelle crise montré qui a montré le bout de son nez, a aussi eu droit à son «plan spécial». Selon le ministère du Commerce, la production journalière a doublé, passant de moins de 2000 tonnes/jour à 3500 tonnes/jour. Cela alors que la consommation quotidienne est estimée à 1600 tonnes/ jour, ce qui fait que cette matière essentielle ne devrait pas manquer durant le Ramadhan, surtout que son exportation a été interdite et que des «spéculateurs» ont été envoyés en prison après que leur marchandise a été saisie. Quid du lait en sachet? Là aussi, les pouvoirs publics se veulent rassurants. Ils annoncent la mise en place de 500 points de vente des produits laitiers et dérivés, qui seront assurés par les entreprises publiques Alviar, Onab, Giplait et Frigomedit. Des mesures ont été prises pour assurer une meilleure distribution du lait en sachet, subventionné à travers l'ensemble du territoire et surtout dans les zones d'ombre. Une nouvelle cartographie de distribution a été mise en place, afin d'assurer une équité à travers tout le territoire national, car le département du Commerce fait savoir que, jusqu'ici, 400 communes du pays n'étaient absolument pas couvertes par l'ancienne cartographie. Cette distribution se fera sous la supervision d'agents et de cadres du ministère de Kamel Rezig, afin d'éviter les dérives du passé. Ils suivront quotidiennement les opérations, tous ceux qui ne respecteront pas cette nouvelle cartographie seront lourdement sanctionnés. De plus, le président Tebboune a décidé d'augmenter «exceptionnellement», pour le Ramadhan, les quotas de poudre de lait subventionnée. 5000 tonnes viendront s'ajouter aux quantités habituelles. Les Algériens auront-ils donc la «patate» pour le Ramadhan? En tout cas, les pouvoir publics travaillent dans ce sens, afin de faire baisser les prix de la fameuse pomme de terre, aliment essentiel de la table des Algériens. 15000 tonnes de pomme de terre ont été déstockées afin de stabiliser le prix et faire face à la spéculation. La vente directe de la pomme de terre, de l'agriculteur au consommateur, au prix de 60 dinars (DA) le kilogramme sera maintenue durant le mois de Ramadhan pour éviter l' augmentation des prix. Cerise sur le gâteau, l'arrivée de «Sidna Ramadhan» coïncide avec le début des nouvelles récoltes de la pomme de terre. Des mesures concrètes ont-elles donc été prises par le gouvernement? Seront-elles efficaces face à la «mafia de la spéculation»? Les Algériens, qui retrouvent la joie d'un Ramadhan presque normal, deux ans après le cauchemar de la Covid-19, ne se feront-ils pas déplumer? Wait and see...