La visite de travail et d'amitié de deux jours du MAE Ramtane Lamamra en Chine a été parachevée par un communiqué commun dans lequel Pékin et Alger se retrouvent pour exprimer leur ferme attachement à une «solution durable et juste» du dossier du Sahara occidental, telle que prescrite par les résolutions de l'ONU et en conformité avec le droit international. Soulignant leur totale «convergence de vues» sur de nombreuses questions, l'Algérie et la Chine ont, ainsi, réagi en écho à l'agitation stérile du Makhzen, au lendemain de la décision de Pedro Sanchez d'adhérer à la «solution marocaine», loin de la légalité inscrite dans les recommandations des Nations unies qui prônent un référendum d'autodétermination auquel a droit le peuple sahraoui. Le royaume marocain a beau se démener, depuis des décennies, pour échapper à cet impératif et ses tuteurs ont beau peser, de tout leur poids, au sein du Conseil de sécurité de l'ONU pour perpétuer un statu quo utile à la prolifération de leurs entreprises prédatrices, aussi bien au Maroc qu'au Sahara occidental, il n'y a pas, et il ne peut y avoir, d'autre chemin pour garantir une paix durable dans la région. Une paix que le Makhzen redoute pour de multiples raisons et à laquelle il tente de se soustraire par tous les moyens, y compris le recours au pacte militaire avec l'entité sioniste et à un trafic de drogues aux proportions gigantesques. Lamamra et Wang Yi, en tant que MAE des deux pays liés par une longue et solide tradition de soutien aux causes justes et au droit des peuples à leur autodétermination, partout dans le monde, inhérente à la profondeur historique et au caractère stratégique global de leur relation, ont renouvelé leur souci d'un règlement urgent des dossiers de la Palestine et du Sahara occidental, tous deux illégalement occupés. Ce faisant, ils ont réduit à sa juste mesure l'initiative inconséquente du gouvernement espagnol, d'autant plus erronée qu'elle est contestée avec force par les mouvements politiques qui siègent au Parlement et dans l'instance gouvernementale, ainsi que par la société civile espagnole. C'est dire combien la déclaration commune de la Chine et de l'Algérie est venue à point nommé, surtout qu'elle s'accompagne d'une autre déclaration, tout aussi retentissante, celle du porte-parole du secrétaire général de l'ONU, Stephane Dujarric, qui a, lui aussi, réagi à la grave dérive du chef de gouvernement, Pedro Sanchez, sur le dossier du Sahara occidental. S'adressant aux représentants des médias aux Nations unies, il a rappelé que «le conflit du Sahara doit être résolu avec l'engagement total (des parties concernées) dans le processus politique défini par l'ONU». On ne saurait être plus clair, surtout que le porte-parole de l'ONU a, de nouveau, exhorté «toutes les parties» à soutenir les efforts de l'envoyé personnel au Sahara, Staffan de Mistura, dont la mission consiste à «reprendre le processus politique» de négociation. Une telle déclaration signifie un cinglant désaveu de la démarche du gouvernement Sanchez et elle montre que l'ONU n'est pas le «machin» auquel l'ancien président américain Trump avait tenté, en vain, de forcer la main pour applaudir la «normalisation» entre le royaume marocain et l'entité sioniste, en échange d'une reconnaissance de la «prétendue» marocanité du Sahara occidental. Le propos est d'autant plus significatif qu'il intervient à l'adresse de la puissance administrante du territoire sahraoui non autonome, selon la légalité internationale qui exclut que l'Espagne puisse en disposer à sa guise. On devine les raisons qui ont conduit Madrid à une volte-face lourde de conséquences et dont le véritable coût ne manquera pas d'apparaître dans les mois ou les années qui viennent. À force de prétendre «regarder vers l'avenir pour construire des relations privilégiées avec le royaume marocain, afin de garantir la sécurité des enclaves de Ceuta et Melilla», d'une part, et de se prémunir des assauts de milliers de migrants poussés par un chantage monarchique contre ces îlots, le gouvernement Sanchez a mis les pieds dans le plat. Les «liens humains, historiques, géographiques et économiques forts qui nous unissent au Maroc», est-il avancé, dans une note de synthèse du Parti socialiste espagnol (PSOE) à la source de cette dérive, sont-ils une raison pour tourner casaque? Certes, plus de 800000 Marocains vivent en Espagne dont plus de 17000 entreprises prospèrent au Maroc - 700 y sont carrément implantées - mais la vraie raison est bassement territoriale et concerne la «menace» exercée contre Ceuta et Melilla. Pour que Rabat continue d'être «le concierge de l'Europe», dixit Nacer Bourita, il ne suffit plus que l'UE passe, régulièrement, à la caisse. Avec le temps, alors que l'opinion algérienne est encore sous le choc de la décision du gouvernement espagnol et que les partis politiques dénoncent avec force une telle dérive, exhortant les autorités du pays à prendre en compte la nouvelle donne, la question du Sahara occidental demeurera un leitmotiv puissant et légitime de l'action diplomatique de l'Algérie, fidèle à sa doctrine de soutien aux luttes des peuples pour leur droit à l'autodétermination sous toutes les latitudes.