Avec un virage à 180 degrés, le gouvernement espagnol a rendu public un deal avec le royaume marocain par lequel il scelle son «adhésion» au fumeux projet d' «autonomie» du Makhzen, au Sahara occidental. Après avoir adopté une position «neutre» entre les revendications légitimes du Front Polisario et les prétentions contraires aux résolutions de l'ONU et de l'Union africaine du royaume marocain, Madrid a opéré une volte-face digne de la «normalisation» monnayée par l'ancien président américain Donald Trump. En effet, la seule explication plausible d'un tel revirement concerne les pressions continues et grandissantes que le Makhzen organisait depuis des mois et des mois, en lançant à l'assaut des enclaves de Ceuta et Melilla des milliers de candidats à la migration, mettant à rude épreuve les forces de sécurité espagnoles et bafouant, par la même occasion, les engagements pris en échange de soutiens financiers consentis par l'Union européenne pour la protection de ses bases arrières. Le Bureau du Conseil de la Nation, présidé par Salah Goudjil, a condamné le revirement de la position espagnole concernant le dossier du Sahara occidental. Dans un communiqué, le Bureau du Conseil de la nation a exprimé son «étonnement devant la surprenante déviation enregistrée dans la position de l'Espagne envers la juste cause sahraouie et le soutien douteux dont elle a fait montre envers un processus de colonisation condamné par la Charte et la légalité internationales». Un tel acte, souligne le document, constitue «une dérive et une prise de partie inacceptable» contre une cause considérée par les Nations unies comme étant celle de la dernière colonie en Afrique. «La dérive de la position du gouvernement espagnol et son alignement avec les thèses du Makhzen s'inscrivent en porte-à-faux avec la réalité du terrain et aux notions du droit international qui rejettent toute forme de colonialisme et de domination» relève le document qui s'interroge sur les «réelles visées de ce revirement douteux qui s'est fait dans le cadre d'un échange au détriment des intérêts des peuples et leur droit à l'autodétermination». À cet égard, le même texte rappelle la «trahison de 1975» et dont l'Espagne «doit assumer la responsabilité historique, politique et morale» ainsi que la «responsabilité de mettre un terme à leurs répercussions néfastes à l'endroit du peuple sahraoui et toute la région depuis plus de quatre décades.» Tout en dénonçant cette tendance nouvelle dans la position espagnole, envers la cause juste des Sahraouis et leur droit à l'autodétermination, le Bureau du Conseil de la nation appelle «à faire prévaloir la voix de la sagesse et de la justice» consacrée par les lois internationales. Enfin, le communiqué invite «le Parlement espagnol à préserver l'honneur et la dignité des Parlements ainsi que la crédibilité de l'action humaine parlementaire en révisant cette regrettable et inhabituelle position dans le traitement du dossier sahraoui par l'Espagne».