Après maints reports, le procès de l'ancienne ministre de la Culture, Khalida Toumi, incarcérée depuis 29 mois à la prison de Koléa, dans la wilaya de Tipaza, a débuté ce jeudi au pôle pénal économique et financier près le tribunal de Sidi M'hamed. Fait remarquable: l'audience s'est déroulée en présence de la secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune et la moudjahida Zohra Drif. Avant de se prêter aux questions du juge, elle a souhaité clarifier certaines choses, transcrites sur une feuille. Appelée à la barre, la prévenue a rejeté catégoriquement les charges retenues contre elle, à savoir, «abus de fonction», «octroi d'indus avantages à des tiers lors de la passation de marchés publics» et «dilapidation de deniers publics», notamment lors de l'organisation de manifestations culturelles internationales. Elle a clamé haut et fort son «innocence» et particulièrement sa non-appartenance (...) à la «Issaba». «J'ai combattu toutes les dérives et j'ai quitté volontairement le gouvernement en 2014, lorsque j'ai constaté, que l'autorité légitime a été remplacée par un pouvoir parallèle», s'est-elle défendue. «J'ai démontré devant les juges d'instruction de la Cour suprême, puis devant le juge d'instruction de la 5ème chambre du tribunal de Sidi M'hamed, que les accusations portées contre moi n'ont aucun fondement juridique...», a-t-elle soutenu. Sont également poursuivis dans cette affaire deux autres inculpés, Abdelhamid Benblidi, présent au boxe des accusés et Miloud Hakim qui a comparu en prévenu libre. Quelque 53 témoins sont cités dans cette affaire. «En vérité, en ma qualité de ministre, un poste politique, je n'avais rien à voir avec des erreurs de gestion financières...», a-t-elle martelé, en insistant: «Je ne porte pas le chapeau aux cadres du secteur, qui ont été intègres et dévoués malgré toutes sortes de pression et obstacles dressés devant eux...». «J'ai toujours agi conformément aux lois de la République», a-t-elle ajouté. «En réalité, je ne suis qu'un bouc émissaire et victime d'un complot politique visant une purge sélective en instrumentalisant la justice pour régler des comptes personnels...», a-t-elle estimé. Khalida Toumi fait savoir que «les 11 rapports d'expertise commandés par la justice avaient prouvé que j'ai préservé l'argent public et combattu toute tentative de détournement des biens du secteur...». Rappelant que le dossier présenté devant la justice porte sur les manifestations «Alger, capitale de la culture arabe en 2007», «le festival panafricain en 2009» et «Tlemcen capitale de la culture islamique en 2011», ainsi que «le film sur l'Emir Abdelkader en 2014». À propos de ces manifestations culturelles, elle a déclaré «je suis sidérée, monsieur le juge...». Elle a poursuivi qu' «elles ont été organisées (...) sur instructions des plus hautes autorités du pays en application de leurs engagements vis-à-vis des organisations internationales et dont notre pays est membre (Union africaine, Isesco-Alecso-Unesco)». Elle a expliqué en outre que ces événements avaient été organisés sous la supervision d'une commission nationale interministérielle, dont (la Défense, l'Intérieur, les Affaires étrangères et le département des finances), présidée par le Premier ministre. L'accusée a dressé un véritable «réquisitoire» contre l'Inspection générale des finances(IGF), accusée d'être juge et partie dans leur enquête à charge. Elle reproche aux experts de cette inspection «de confondre entre ses missions de ministre et ses attributions en qualité de présidente du comité exécutif de chaque manifestation culturelle». Pour l'accusée: «Toutes les prestations et les travaux réalisés dans le cadre des ces manifestations ont été justifiées par des factures en bonne et due forme...». Par ailleurs, dit-elle, aucun rapport n'a conclu à l'existence d'un «trou financier», ce qui signifie, ajoute-t-elle, qu' «aucune dilapidation volontaire ou involontaire n'a été commise». D'après l'ex-ministre de la Culture, «les experts de l' IGF n'ont fait aucune distinction entre le marché relatif à l'art et à la culture et celui portant sur des réalisations administratives!». En voulant balayer d'un revers de la main l'inculpation de «l'octroi d'indus privilèges dans les marchés publics», elle indiquera: «Je n'ai signé aucun marché d'une manière illégale...». En plus, ajoute-t-elle, «les factures établies correspondaient à des travaux qui ont été réellement effectués...». Elle a mis aussi en avant, le fait que «les enquêteurs de l'IGF n'ont parvenu à aucun détournement en faveur de ses proches ou amis». Elle a rappelé que «ces manifestations ont été préparées dans de très courts délais». À travers son discours, elle accusera également les experts de l'IGF d'avoir «omis» certaines décisions officielles(gouvernementales et interministérielles prises avec l'accord du ministère des Finances, le ministère de la Culture), autorisant des «dérogations» et des «exceptions»... S'agissant des comptes d'affectation spéciale de ces manifestations, elle a indiqué qu' ils ont été «clôturés» dans le cadre des lois de finances, sous le «contrôle» de l'IGF, de la Cour des comptes et des deux chambres du Parlement. Elle a souligné que certains comptes ont été clôturés après son départ du ministère à l'instar de «Alger, capitale de la culture arabe 31-12-2014 et Tlemcen, capitale de la culture islamique 2011-31-12-2015». S'agissant du film l'Emir Abdelkader, elle a expliqué que «ce dernier n'a absolument rien coûté au Trésor public pour la simple raison qu'il a été financé par la redevance sur la copie privée dont une partie a servi à son avancement et à sa préparation...». Pour l'accusée, la lettre ouverte, signée en 2015, avec 18 personnalités dont Louisa Hanoune, adressée au président de la République, lui demandant de les recevoir a déclenché des représailles contre elle. «Juste après, j'ai été convoquée par le conseiller à la Cour suprême chargé de l'instruction...».