Le rapporteur spécial de l'ONU sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés Michael Lynk a reproché, hier, à la communauté internationale d'avoir permis à Israël d'y avoir instauré pendant des décennies d'occupation un système politique qu'il a qualifié d'apartheid. Présentant son rapport final au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève, cet expert indépendant a estimé que «l'occupation israélienne, à présent dans sa 55e année, et dont on est loin de voir la fin, est devenue de plus en plus ancrée et répressive». «C'est un apartheid», a-t-il déclaré, énumérant «les confiscations de terres incessantes, les colonies exclusivement juives en expansion constante, un double système juridique, le fossé énorme entre les conditions de vie des colons israéliens et des Palestiniens qui vivent parmi eux, l'écart important concernant les droits politiques». Israël occupe illégalement la Cisjordanie et El Qods-est depuis 1967. Quelque 700 000 colons juifs vivent actuellement dans ces deux secteurs, dans des colonies surmultipliées continuellement et au mépris des lois internationales. M. Lynk a dénoncé «des caractéristiques impitoyables du régime de séparation» mis en place par Israël, «qui n'étaient pas appliquées en Afrique du Sud, comme des routes séparées, de hauts murs et des postes de contrôle omniprésents». «Sous les yeux de la communauté internationale, Israël a imposé en Palestine la réalité de l'apartheid dans un monde post-apartheid», a-t-il ajouté. Le terme d'«apartheid» pour décrire l'occupation israélienne avait déjà été utilisé par des organisations de défense des droits de l'homme comme Amnesty International, Human Rights Watch et B'Tselem, une association basée en Israël. Michael Lynk, qui a été nommé par le Conseil des droits de l'homme mais ne s'exprime pas au nom de cette instance, a stigmatisé le refus de la communauté internationale d'«imposer à Israël des mesures l'obligeant à rendre compte de son occupation éternelle, qui a été poursuivie au mépris total des lois internationales, au vu et au su de la communauté internationale».