Le président du MSP avait fait part aux journalistes d'une réunion «informelle» et «non programmée» qu'il aurait eue avec Ahmed Ouyahia. Le secrétaire général du RND sort de sa réserve et dément, à travers un communiqué de presse parvenu à notre rédaction le jeudi 15 juin à 13h, l'information donnée par Boudjerra Soltani à la presse nationale au sujet d'une rencontre qui l'aurait réuni avec le président du MSP. Une réaction qui prend l'allure d'un désaveu public à l'égard d'un partenaire de l'Alliance présidentielle en mal de stabilité. Ouyahia, connu plutôt pour sa pondération et son calme olympien, ne prend pas de gants pour «rétablir la vérité» aux yeux de l'opinion publique et apporter un démenti à cette information, donnée aux journalistes, en marge de la tenue du 3e Colloque international en hommage à Mahfoud Nahnah. Le président du MSP avait fait part, aux journalistes présents, d'une réunion «informelle» et «non programmée» qu'il aurait eue avec Ahmed Ouyahia, durant laquelle ont été soulevés «les grands dossiers qui caractérisent la scène politique nationale». Allusion faite au projet de la nouvelle mouture que présentera le FLN, l'autre partenaire de l'Alliance, au président de la République dans quelques jours. Réplique sèche d'Ouyahia qui assure «qu'aucune rencontre entre les deux hommes n'a eu lieu depuis presque deux mois» tout en n'écartant pas, dans l'avenir, l'éventualité d'une telle rencontre. Une manière, toute diplomatique, de ne pas couper «les ponts» avec un partenaire politique activant sous la même bannière du programme du président, sous peine de porter atteinte à l'Alliance. Une Alliance qui commence à s'essouffler au fur et à mesure qu'approche l'échéance électorale des législatives prévues pour 2007. L'absence des deux responsables à la Journée parlementaire organisée par la Coordination de l'alliance présidentielle, qui s'ajoute à la défection d'Ouyahia et Belkhadem au colloque du MSP, sont des indicateurs d'un malaise qui ronge le corps de cette «structure politique collégiale» mise sur pied pour assurer une certaine stabilité au pays et au fonctionnement de ses institutions. Cette double sortie médiatique de Soltani et d'Ouyahia qui prennent à témoin la presse nationale renseigne davantage sur le climat qui règne en son sein. Si le FLN semble avoir choisi comme stratégie de faire cavalier seul en mettant la main sur les leviers de commande de l'Exécutif et en imposant sa propre vision de la mouture de la nouvelle Constitution qu'il s'apprête à déposer sur le bureau du président de la République, le MSP n'entrevoit pas son avenir hors du cadre de cette Alliance. Soltani a même déclaré à l'adresse de ses militants, lors de l'ouverture du dernier colloque qu'organise le MSP, que «la fin de l'Alliance signifiera la fin du dialogue» et envoyé un message en direction de l'actuel gouvernement, que préside le secrétaire général du FLN, lui rappelant que «son parti ne sera pas à ses côtés s'il y a déviation de la ligne de conduite inspirée par le programme de l'Alliance», estimant que cette Alliance présidentielle constitue «un bouclier» pour la protection de la démocratie encore vulnérable dans le pays. Ces craintes exprimées à haute voix par le chef du MSP tranchent avec le discours ambiant distillé par les animateurs de cette Alliance qui, aux dires de Soltani, «se porte bien». Un discours ambivalent qui n'est pas à une contradiction près. C'est donc dans ce cadre qu'il ya lieu d'inscrire cette polémique née, par médias interposés. Soltani donne l'impression de faire des appels du pied au RND pour une éventuelle alliance contre l'hégémonie de la ligne de conduite du FLN. Un appel auquel Ouyahia fait la sourde oreille. Le ton qu'il a utilisé dans son démenti, à la limite de l'agressivité, dans sa quête de rétablir les faits, balaie du revers de la main toute éventualité de création d'un nouveau pôle politique basé sur deux projets de société idéologiquement contradictoires. En se démarquant publiquement de toute tentative de remodelage du paysage politique au sein même du cadre de l'Alliance, Ouyahia entend rester fidèle à son principe de militant républicain ouvert sur la modernité. Jugeant peut-être qu'il était prêt à mettre en péril le peu de cohésion qui reste au sein de l'Alliance que de se laisser «embarquer» dans une action qui peut ternir son image de responsable d'un parti politique né pour vivre dans le sillage des institutions de la République ou d'être accusé d'intelligence avec un parti islamiste à l'idéologie pure et dure. La décantation semble, ainsi, faite.