S'exprimant, jeudi, à la fin de la réunion qui a regroupé les trois leaders de l'alliance présidentielle, le Chef du gouvernement explique que cette rumeur est répandue par des parties dérangées par “la stabilité des institutions”. Le secrétaire général (SG) du RND, Ahmed Ouyahia, écarte son départ de la tête du gouvernement, du moins jusqu'à début 2006. S'exprimant, jeudi dernier, en début de matinée à l'occasion d'une conférence de presse qu'il a animée au siège national du RND à Ben Aknoun, à l'issue d'une rencontre des trois chefs de parti de l'alliance présidentielle (Abdelaziz Belkhadem, Abou Djerra Soltani et lui-même), Ouyahia a, comme pour démentir les supputations le donnant partant de l'Exécutif, précisé aux journalistes que “le changement de gouvernement n'est pas à l'ordre du jour”. Pour étayer ses dires, l'intervenant indiquera aux représentants de la presse nationale que “le Chef du gouvernement vous donne un rendez-vous aux alentours de janvier-février 2006 pour le bilan de son gouvernement”. Sur la question de la chefferie du gouvernement revendiquée essentiellement par la base militante du FLN, le premier responsable du RND notera : “Nous avons une Constitution selon laquelle c'est le Président qui désigne le Chef du gouvernement. Mais il est légitime qu'un parti politique ait l'ambition d'arriver au pouvoir ; rappelez-vous toutefois qu'en 2002, le FLN était à la tête du gouvernement. De même qu'il est légitime que des cadres du RND, en signe de mécontentement, soient allés jusqu'à me demander de me retirer du gouvernement à l'époque où la chefferie était occupée par le FLN.” Il en est de même s'agissant d'un remaniement au sein de son gouvernement. “Le remaniement est une prérogative du Président”, a relevé le premier responsable du RND avant d'imputer la rumeur à plusieurs parties qu'il cite pêle-mêle : “Les demandeurs de postes ministériels, les idéologues qui ont fractionné le gouvernement en éradicateurs et réconciliateurs, des groupes d'intérêt que la stabilité du pays indispose ainsi que ceux que l'alliance présidentielle dérange”. Comment va l'alliance présidentielle ? “Il faut chercher longtemps avant de trouver un sujet de discorde”, lancera Ouyahia. Pourtant, cette coalition tripartite ne manque pas de diverger sur des questions de première importance. À commencer par celle de la révision constitutionnelle. Si Abdelaziz Belkhadem considère que cette révision constitue une priorité et un impératif, il n'en est pas de même pour le RND : “Du point de vue du RND, la révision constitutionnelle n'est pas une priorité et n'est pas d'actualité, et s'il y a révision de la Constitution, ce n'est ni l'affaire du RND, ni du MSP, ni celle du FLN, c'est l'affaire du peuple qui devra trancher”, dira Ouyahia non sans faire remarquer qu'il n' “a pas de problèmes avec Belkhadem”. L'autre question objet de divergence entre les membres de l'alliance présidentielle concerne les répercussions sociales de la hausse du cours du pétrole. Abou Djerra Soltani, le président du MSP, avait à cet égard relevé le décalage entre “la situation sociale des Algériens marquée par la pauvreté en contradiction avec la bonne santé financière du pays”. Ouyahia, lui, répliquera, ce jeudi, en indiquant que “nous sommes pour une politique sociale dans laquelle nous prenons en compte les réformes économiques sans populisme ni démagogie”. Malgré ces points de discorde, Ouyahia a continué à parler de la bonne santé de l'alliance et de la cohésion caractérisant ses membres : “Il n'y a pas de sujets sur lesquels nous divergeons. Aussi cette alliance s'est-elle constituée autour du programme du Président et ne constitue pas une fusion de partis. Chaque parti est libre d'ouvrir les ateliers qu'il veut, et peut-être le RND ouvrira dans un avenir proche des ateliers sur un sujet déterminé”. Pour prouver davantage la “lune de miel” qui règne au sein de l'alliance, Ouyahia annoncera que lors du huis clos ayant entouré la rencontre de jeudi, au cours de laquelle la présidence de l'alliance a été remise à son parti, que “nous avons décidé dans le cadre de la campagne électorale pour les partielles à Tizi Ouzou, Béjaïa et Bouira, qu'il n'y aura pas de crêpage de chignon entre les partis de l'alliance”. Sollicité également sur le sort réservé à l'article 87 bis de la part du gouvernement, Ouyahia a noté qu'il “ne veut pas envahir le terrain de la bipartite et de la tripartite, il y a une commission qui y travaille”. Interrogé également sur le devenir de la charte pour la paix et la réconciliation nationale après le référendum, le SG du RND s'est contenté de dire qu'“il y a un chef d'orchestre, et nous sommes déterminés au niveau de l'Exécutif et du Parlement à suivre sur le terrain les mesures législatives et réglementaires qui seront prises”. NADIA MELLAL