Le Pdg de Sontrach, Toufik Hakkar, a révélé, hier, que le groupe pétrolier public n'excluait pas «de procéder à un «recalcul» des prix avec notre client espagnol». Une annonce au goût d'avertissement. L'on suppose que le rappel de l'ambassadeur d'Algérie en Espagne en rapport avec les propos du chef du gouvernement espagnol sur la question sahraoui aura été une première mesure. La déclaration du Pdg de Sonatrach est une gradation dans la réaction algérienne face au reniement de l'Espagne. Cette option est d'autant plus recevable que Toufik Hakar a souligné que «depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent. L'Algérie a décidé de maintenir, pour l'ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects». L'exception espagnole renseigne sur le risque qu'encourre ce pays de devoir payer son gaz bien plus cher. Concernant l'alimentation de l'Europe en hydrocarbures algériennes, le Pdg de Sontrach n'a pas fait dans la nuance: «Nous disposons à l'heure actuelle de quelques milliards (de m3 supplémentaires, NDLR) qui ne peuvent se substituer au gaz russe». Mais dans une assez courte échéance, l'Algérie peut véritablement constituer une partie de l'alternative au gaz russe. Et pour cause, «avec la cadence de nos explorations, nos capacités vont doubler d'ici quatre ans, ce qui laisse entrevoir des perspectives prometteuses avec nos clients européens», a précisé Toufik Hakkar. Cela étant, le Pdg convient que l'année 2022 commence sous de bons auspices pour le groupe Sonatrach. «Durant ces trois premiers mois, Sonatrach a réalisé trois nouvelles découvertes de gisements pétroliers». Hakkar précisera que «parmi ces trois nouvelles découvertes, on enregistre une importante découverte concrétisée au niveau du périmètre de la région de Touggourt. Il s'agit d'un gisement estimé à hauteur d'un milliard de barils». De bon augure. Il faut dire que l'Algérie bénéficie d'une conjoncture favrobale, confortée par une solidarité des pays membres de l'Opep+. Les «23» ont convenu «d'ajuster à la hausse la production totale mensuelle de 432 000 barils par jour pour le mois de mai», a annoncé sans surprise l'alliance dans un communiqué à l'issue d'une réunion express. Ce qui doit impacter la production algérienne. L'Algérie augmentera sa production journalière de pétrole de 11000 barils en mai prochain, a indiqué jeudi le ministère de l'Energie et des Mines dans un communiqué. La production algérienne de pétrole passera ainsi de 1,002 million de barils/jour en avril à 1,013 million barils/jour en mai, conformément aux décisions de la 27e réunion ministérielle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés (Opep+), tenue jeudi par visioconférence, avec la participation du ministre de l'Energie et des Mines, Mohamed Arkab. Cette décision de l'Opep+ qui a opté pour une ouverture prudente de ses vannes depuis le printemps 2021 n'a pas empêché les cours de l'or noir de plonger. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai, dont, le 31 mars, était le dernier jour d'utilisation, a dévissé de 4,88% pour terminer à 107,91 dollars. À New York, le baril de West Texas Intermediate, avec échéance le même mois, a lâché de son côté 6,99%, à 100,28 dollars. Que s'est-il donc passé pour que les cours plient à ce point? L'explication se trouve dans l'annonce du président des Etats-Unis, en proie à une impopularité inquiétante à cause de la flambée des prix à la pompe, qui a décidé de puiser 1 million de barils par jour des réserves stratégiques américaines durant 6 mois pour juguler cette inflation. Soit plus de 180 millions de barils. Une initiative «sans précédent» dans l'histoire américaine, a souligné la Maison-Blanche jeudi. Il s'agit de la plus importante ponction dans les réserves stratégiques américaines, dont le niveau était déjà au plus bas depuis près de 20 ans (mai 2022), indique-t-on. «La dernière utilisation des réserves (50 millions de barils annoncés en novembre) n'était pas assez conséquente et a été complètement occultée. Donc cette fois, ils ont voulu frapper fort», a fait remarquer Matt Smith, analyste du cabinet Kpler. Et les prix ont courbé l'échine. Pas autant qu'espéré après l'annonce «massue» de Joe Biden. Les cours de l'or noir semblaient tout de même vouloir finir la semaine dans le vert. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juin, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, progressait de 0,85% à 105,60 dollars, hier, vers 10h30.