La Russie a accusé vendredi l'Ukraine d'avoir mené une frappe par hélicoptères sur son sol et agité la menace d'un durcissement des négociations, alors que l'ONU annonçait qu'elle dépêcherait, aujourd'hui, à Moscou un haut responsable afin d'essayer d'obtenir un «cessez-le-feu humanitaire». Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, sera aujourd'hui à Moscou afin d'essayer d'obtenir un «cessez-le-feu humanitaire» en Ukraine, a annoncé vendredi le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres. Suite à l'attaque, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a aussitôt averti que cet événement n'allait pas «créer les conditions appropriées pour la poursuite des négociations». Selon le gouverneur de la région de Belgorod, Viatcheslav Gladkov, des hélicoptères ukrainiens ont frappé un dépôt de carburant dans la ville du même nom, à une quarantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne. À Kiev, le gouvernement a refusé de confirmer, mais n'a pas démenti. Le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, avait auparavant déclaré qu'il ne pouvait «ni confirmer ni démentir que l'Ukraine était impliquée». La partie russe a annoncé néanmoins la reprise des pourparlers par visioconférence. «Nos positions sur la Crimée et le Donbass n'ont pas changé», a annoncé le négociateur russe Vladimir Medinski sur Telegram. Les deux pays ont par ailleurs procédé à un échange de prisonniers, a indiqué Kiev. Aux négociations en présentiel à Istanbul, la semaine dernière, Kiev avait accepté la neutralité de l'Ukraine, renonçant à adhérer à l'Otan à condition que sa sécurité soit garantie par un accord international avec d'autres pays. L'Ukraine proposait aussi que la question de la Crimée et du Donbass fasse l'objet de négociations ultérieures. Dans le même temps, le Théâtre Bolchoï à Moscou a annoncé qu'un ballet «héroïque» était présenté, hier, en soutien de l'opération militaire spéciale russe en Ukraine, tous les revenus du spectacle devant être remis aux familles des soldats russes tués dans cette opération lancée fin février. Le CICR a quant à lui annoncé vendredi soir qu'il avait été «impossible», dans l'immédiat, d'évacuer des milliers de civils bloqués dans la ville de Marioupol, ajoutant qu'une nouvelle tentative aurait lieu samedi. Plus d'un mois après, Marioupol, port stratégique du sud-est du pays, sur la mer d'Azov, reste assiégé. Au nord du pays, la centrale nucléaire de Tchernobyl, libérée jeudi après avoir été occupée quatre semaines durant par les forces russes, n'a pas subi de dommages. Réagissant aux décisions du président Vladimir Poutine de stopper l'approvisionnement en gaz des pays «inamicaux», s'ils n'ouvraient pas des comptes en roubles dans des banques russes, la France a indiqué vendredi ne pas attendre «a priori de rupture» de ses livraisons. L'Allemagne, très dépendante du gaz russe, a déclaré avoir reçu le décret du Kremlin et être en train de l'examiner «pour en déterminer les effets concrets». L'UE a menacé vendredi la Chine si elle interfère» dans les sanctions occidentales contre la Russie, avertissant que tout soutien «ternira gravement la réputation» de Pékin en Europe. Après cinq semaines de conflit, plus de 4,1 millions de réfugiés ont fui l'Ukraine, auxquels s'ajoutent presque 6,5 millions de déplacés à l'intérieur du pays, affirme l'ONU.