Le pétrole reste à un niveau relativement élevé, largement au-dessus des 100 dollars après avoir touché des sommets. Le 6 mars notamment en frôlant les 140 dollars. Une fluctuation qui reste chevillée aux développements de la guerre en Ukraine. Des menaces réelles qui pèsent sur les exportations d'hydrocarbures russes ciblées par un potentiel embargo des pays européens qui, ironie de l'histoire, en sont étroitement dépendants. Une situation qui les fait hésiter à franchir le pas pour rejoindre le camp des Américains, des Britanniques et des pays baltes (Estonie, Lituanie, Lettonie) qui sont passés à l'acte. L'actualité risque cependant de faire pencher la balance en faveur d'un boycott du pétrole russe. De quoi s'agit-il? Le retrait des soldats russes de la région de Kiev révèle une Ukraine dévastée et les nombreuses exactions commises. Moscou est accusée de «crimes de guerre». Les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans ces territoires récemment repris aux troupes de Vladimir Poutine, a déclaré, le 3 mars, la procureure générale d'Ukraine. Le président ukrainien a accusé directement les dirigeants russes de «tortures» et de «meurtres», après la découverte de fosses communes et de centaines de corps de civils. En visite à Boutcha, ville du drame située à 25 km au nord-ouest du centre de Kiev, Volodymyr Zelensky a dénoncé des «crimes de guerre» un «génocide» en Ukraine, lundi 4 avril. Côté russe, on rejette «catégoriquement toutes les accusations». Un porte-parole du Kremlin réfute les exactions à Boutcha, assurant que les experts du ministère russe de la Défense avaient découvert des signes de «falsifications vidéo» et des «fakes» dans les images présentées par les autorités ukrainiennes comme preuves de ces meurtres. Les pays occidentaux évoquent un nouveau train de sanctions contre Moscou. «L'Occident a annoncé de nouvelles sanctions contre la Russie en réponse aux informations faisant état de crimes de guerre russes contre la population civile en Ukraine», assure Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank. L'Union européenne discute en «urgence» de nouvelles sanctions contre Moscou, réclamées notamment par la France et l'Allemagne. Le pétrole sera-t-il touché? Le Président français s'est déclaré «favorable» hier à ce que l'Union européenne décide de nouvelles sanctions vis-à-vis de la Russie en évoquant le pétrole et le charbon. «Ce qui s'est passé impose un nouveau train de sanctions et des mesures très claires. Donc, nous allons nous coordonner avec nos partenaires européens, en particulier l'Allemagne» dans «les prochains jours», a indiqué, Emmanuel Macron. Qu'en pensent les experts? Il est toutefois «peu probable, que l'UE interdise les importations de pétrole et de gaz russes, car il ne serait pas possible de trouver rapidement un autre approvisionnement en particulier pour le gaz et le pétrole, ce qui aurait de graves conséquences économiques» estime Carsten Fritsch, analyste du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Il faut rappeler que les importations russes assurent à l'Europe 40% de ses besoins en gaz naturel et pas moins de 30% pour le pétrole. Il faut souligner que pour tenter de combler cet hypothétique déficit le président américain a décidé d'utiliser 1 million de barils par jour des réserves stratégiques américaines durant 6 mois. Soit plus de 180 millions de barils. Les 30 pays membres de l'AIE, bras armé énergétique des pays occidentaux ont promis d'y puiser. Autant de réactions qui orientent les prix du pétrole à la hausse. Le baril de Brent la mer du Nord pour livraison en juin affichait 105,81 hier vers 13h10. Le baril de pétrole américain, West Texas Intermediate américain, progressait pour sa part de 1,59 dollar à 100,86 dollars. Et c'est probablement loin d'être terminé...