La couleur est annoncée. Le projet de production de phosphate intégré (PPI) doit bénéficier d'une «importance majeure et exceptionnelle» pour son aboutissement sur le terrain. Ce sont les termes utilisés par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune au cours du Conseil des ministres de ce dimanche, pour démontrer l'aspect stratégique et crucial de ce mégaprojet prometteur. Les directives sont claires et elles doivent aboutir sans délais. Tebboune n'a pas manqué de qualifier le PPI de «l'un des projets phares et décisifs pour le secteur minier dans l'histoire de l'Algérie», dont «la concrétisation mérite tous les sacrifices», a-t-il soutenu. Selon le communiqué ayant sanctionné les travaux du Conseil des ministres, le président de la République a ordonné l'accélération de «l'aménagement et la réalisation de la ligne ferroviaire Tébessa- Port d'Annaba pour le lancement et la concrétisation effective de ce projet important avec nos partenaires chinois». Le chef de l'Etat qui accorde un intérêt accru à ce projet, mise sur sa contribution «à la diversification de l'économie nationale et à la création d'une nouvelle richesse». Comment les responsables du secteur et autres impliqués, directement ou indirectement dans la réalisation et le suivi de ce projet, doivent-ils agir et consentir ces sacrifices pour l'aboutissement du PPI? En fait, il n'y a rien de magique dans les directives et instructions du président de la République. Les cadres centraux des ministères et ceux transversaux à l'échelle des wilayas concernées, sont appelés à redoubler d'efforts et à faire preuve d'abnégation dans le pilotage de ce projet d'importance cruciale pour le pays. Ils se doivent d'arrêter une stratégie de travail clairement établie, comprenant les plans d'actions et de suivi des différents segments du projet. Les évaluations périodiques d'avancement et d'évolution du projet doivent obéir à des critères modernes et à des normes actualisées, conjointement avec la partie chinoise, déjà rompue à ces nouveaux procédés. Il faut le dire haut et fort et, surtout sans tabous, l'Algérien doit reconsidérer la valeur du travail qui a été, substantiellement, altérée au cours des dernières années. Il faut comprendre aussi que l'Algérie, dans le contexte actuel des bouleversements de la géopolitique mondiale et ses retombées sur les cours mondiaux des différents produits et intrants, est dans l'obligation d'optimiser l'exploitation de ses ressources minières et énergétiques et autres, afin d'assurer sa souveraineté dans ce domaine. C'est là que réside le sens des injonctions présidentielles quant à accélérer la cadence du travail et d'avancement des différentes étapes de ce projet et d'autres aussi. En effet, ces directives doivent tout autant s'appliquer aux autres projets similaires, dont celui de Ghar Jbilet, l'une des plus grandes réserves de fer et de phosphate de la planète, dans la wilaya de Tindouf. Pareils projets structurants doivent bénéficier de toute l'attention requise, étant donné leur caractère stratégique. Espérons seulement que les directives du président de la République serviront à bousculer les consciences, pour accélérer les réalisations préliminaires visant à rattraper les retards, incommensurablement, importants dans le lancement de ce projet. Pour rappel, «le projet phosphate intégré (PPI) permettra à l'Algérie d'être l'un des principaux pays exportateurs d'engrais et de fertilisants dans le monde», selon les termes du P-DG du Groupe Sonatrach, Toufik Hakkar. À terme, la société mixte algéro-chinoise créée à l'issue d'un actionnariat entre quatre sociétés, produira l'équivalent de 5,4 millions de tonnes d'engrais par an. Dénommée (Acfc), «Algerian Chinese Fertilizers Company», cette société mixte issue d'un pacte d'actionnaires entre les groupes algériens la filiale de Sonatrach Asmidal et Manadjim El Djazair Manal d'une part, et les sociétés chinoises «Wuhuan» et «Tian'an» est dotée d'un investissement global de 7 milliards de dollars. Acfc est également détenue à hauteur de 56% par la partie algérienne et à hauteur de 44% par la partie chinoise. Le projet PPI propulsera l'Algérie dans une trajectoire de pays exportateur d'engrais et de fertilisants. Pour le moment, la production nationale de l'Algérie avoisine les 3 millions de tonnes d'urée. Une fois en service, Acfc doublera cette capacité actuelle pour atteindre les 6 millions de tonnes de produits phosphatés annuellement.