Les turbulences agitent les pays saharo-sahéliens et percent à jour les divergences entre les capitales de la région. Les quatre émissaires algériens qui «gèrent» le dossier malien depuis le début du conflit entre Touareg rebelles du nord de Kidal et les autorités de Bamako, sont en bonne voie de régler la sédition qui a secoué le nord du Mali il y a trois semaines, apprend-on de sources sûres. Les émissaires algériens ont rencontré les rebelles touareg maliens, auteurs des attaques à la fin mai de camps militaires dans le nord du pays, et ont établi un «plan de négociation», sorte d'agenda de sortie de crise pour mettre fin à la crise avec Bamako. On assure aussi que des rebelles, meneurs des attaques de Kidal, sont arrivés à Alger et ont remis officiellement leurs «revendications» aux autorités algériennes, information confirmée du reste par les rebelles eux-mêmes. Les rencontres avec les émissaires algériens ont eu lieu il y a une semaine dans les collines de Teghararrar, à 110 km de la frontière algérienne, où les rebelles se sont retranchés après les attaques. Ces attaques avaient relancé les craintes de violences dans une région qui avait été le théâtre d'une rébellion touarègue dans les années 1990. L'Algérie, qui a une frontière avec la région de Kidal, aurait également été sollicitée par les rebelles pour engager une médiation, selon des sources diplomatiques. Ils ont récemment indiqué vouloir “un statut qui prenne en compte la spécificité nomade de la région” de Kidal, et non l'indépendance, ou même une autonomie. L'Algérie avait déjà joué un rôle décisif dans le règlement de la rébellion touarègue grâce aux accords de paix signés en 1992 à Tamanrasset (Sud algérien) entre la rébellion touarègue et le pouvoir central. C'est le 6 juin seulement qu'Alger a officiellement accepté d'assurer la médiation entre le pouvoir et les Touareg maliens. Bouteflika reçoit alors Kafougouna Koné, ministre de l'Administration territoriale et ancien patron de la Sécurité d'Etat du Mali et le réconforte qu'Alger s'impliquera pour désamorcer la crise. L'émissaire d'Amadou Toumani Touré (ATT) est venu demander aux Algériens de se saisir d'un dossier qu'ils connaissent fort bien pour y être déjà intervenus en 1992. C'est d'ailleurs en raison de leur proximité avec la question touarègue que, dès les premiers coups de feu du 23 mai, ATT -à peine informé de l'attaque de trois camps militaires à Kidal et Ménaka par des hommes du lieutenant-colonel Hassan Fagaga-, a décroché son téléphone pour informer l'ambassadeur d'Algérie au Mali, Abdelkrim Gheraïeb. Aujourd'hui, directement impliqué dans le règlement de la crise, Alger n'en a pas moins, au préalable, posé ses conditions auprès des autorités maliennes et des rebelles. D'abord, la demande de médiation devait émaner des deux parties, d'une manière claire et officielle. Iyad Ag Ghali -en contact permanent avec Gheraïeb- a accepté et en a fait état publiquement dans la presse. Quant à ATT, il a dépêché Kafougouna Koné à Alger. Porteur d'une lettre officielle, le ministre chargé du dossier touareg a demandé au «grand frère d'assister le Mali dans cette épreuve». Pour des considérations politiques, économiques et sociales, la rébellion touarègue malienne menace le régime du président malien Amani Toumani Touré. Ces rebelles avaient pris le contrôle de Kidal, localité située dans la région désertique du nord-est du Mali, et avait fait savoir que la raison principale de cette révolte tient au fait que les régions du Sud ont été oubliées par le gouvernement dans le cadre du plan des investissements lancé par le régime de Bamako. Les assaillants, qui seraient commandés par un ancien officier déserteur de l'armée nationale, ont usé de camionnettes armées de mitrailleuses pour lancer l'assaut contre la ville de Kidal,située au pied du massif de l'Adrar des Ifoghas, aux confins de l'Algérie et du Niger. «Ils ont pris l'ensemble de la ville», a confirmé à Reuters le correspondant à Kidal de l'Agence malienne de presse et de publicité, Jean-Pierre Tita, au premier jour de la sédition.