Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, arrivera aujourd'hui à Alger pour une visite officielle à l'invitation de son homologue, Ramtane Lamamra. Un déplacement s'inscrivant dans un contexte de développement continu du dialogue politique et de la coopération entre les deux pays. Accompagné de plusieurs responsables russes, Sergueï Lavrov sera reçu par le président de la République Abdelmadjid Tebboune, avant d'avoir des entretiens élargis avec Ramtane Lamamra. Les discussions porteront sur un examen d'ensemble de l'état et des perspectives des relations bilatérales et un large échange de vues sur les grandes questions régionales et internationales, telles celles relatives à la situation au Sahel, en Libye, en Syrie et au Sahara occidental, ainsi que la crise russo-ukrainien. Un conflit pour lequel Ramtane Lamamra avait exprimé sa disponibilité à appuyer la voie diplomatique pour sa résolution. Outre la coopération bilatérale, la lutte contre le terrorisme et l'évolution du marché pétrolier international seront également au menu des discussions. La visite de Sergueï Lavrov à Alger revêt une importance capitale pour les deux pays. Comment en effet ne pas souligner le caractère hautement symbolique de cette arrivée à Alger de l'homme le plus écouté du Kremlin? Le 8 mai 1945 est une date ancrée dans la mémoire des Algériens comme symbole d'un génocide commis par l'armée coloniale en Algérie. Le 9 mai 1945 est tout aussi symbolique pour le peuple russe qui a payé un très lourd tribut pour libérer le monde des griffes du nazisme: 20 millions de Russes tués durant ce conflit mondial. La visite est également stratégique puisque après Alger, Lavrov aura une autre escale tout aussi symbolique pour le monde musulman à savoir la capitale saoudienne, Riyadh. Une visite illustrant sa convergence d'intérêts avec la Russie et sa volonté de diversifier ses partenariats afin de renforcer son autonomie stratégique. Les deux pays partagent la même analyse sur de nombreux dossiers de politique internationale. Une convergence renforcée par leur opposition commune aux printemps arabes et leur détermination à combattre le fondamentalisme islamique, dont ils ont tous deux été des cibles avérées. Les synergies entre Moscou et Alger sont redevenues fortes après que l'Algérie a voté contre l'expulsion de la Russie du Conseil des droits de l'homme de l'ONU. Une décision applaudie par le ministre russe des Affaires étrangères, Lavrov. L'Algérie a été le seul pays du Maghreb à soutenir la Russie lors de ce vote et, avec la Syrie, les deux seuls pays du Monde arabe, les autres ayant préféré s'abstenir. Alliée traditionnelle de la Russie, l'Algérie fait partie des 37 nations qui se sont abstenues de voter, le 2 mars dernier, la résolution «exigeant que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l'Ukraine». Le chef de la diplomatie russe est porteur d'un message du Président Vladimir Poutine au chef de l'Etat. Lors d'une récente communication, à l'occasion du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques algéro-russes, les deux chefs d'Etat «ont échangé des félicitations à l'occasion du 60e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre les deux pays et ont exprimé leur satisfaction pour les progrès enregistrés par la coopération bilatérale dans tous les domaines». Ils se sont également accordés sur «sur la prochaine réunion de la commission conjointe de coopération économique». Les affinités ne sont pas uniquement politiques. Encore moins militaires. Membre de l'Opep +, la Russie n'a montré aucun signe de malaise depuis le début du conflit en Ukraine à propos des exportations de gaz algérien vers l'Europe. L'Algérie est l'un des principaux partenaires commerciaux de la Russie en Afrique, avec un volume d'échanges de 3 milliards de dollars en 2020. Un partenariat, certes, basé sur une coopération militaire. Ce qui n'empêche pas une entente dans le domaine énergétique, que les deux pays, riches producteurs d'hydrocarbures, tentent de renforcer à l'heure où le marché mondial de l'énergie est en pleine mutation. Aussi, l'Algérie est déterminée à développer une coopération tous azimuts avec la Fédération de Russie. Alger attend encore que les entreprises russes s'engagent et mettent en oeuvre des investissements diversifiés et productifs.