Pour l'ex-entraîneur d'Auxerre, l'Argentine peut aller loin. Guy Roux, l'emblématique entraîneur français, est présent en Allemagne. Nous l'avons rencontré au centre de presse de Dortmund juste avant que le Brésil n'affronte le Japon. L'Expression: Cette Coupe du monde vous plaît-elle? G. Roux: Elle est à l'image des précédentes éditions avec ses hauts et ses bas, ses calculs et ses stratégies où chaque entraîneur essaie de trouver la meilleure méthode pour contrer l'adversaire. Elle n'est pas extraordinaire mais également elle ne déçoit pas. La participation africaine est mitigée avec, pour le moment, une seule qualification au prochain tour, celle du Ghana. Qu'en pensez-vous? Je suis content que le Ghana ait pu passer, c'est un des pays africains qui fournit de grands joueurs et qui n'avait jamais pu percer en Coupe du monde. C'est une équipe qui, physiquement, n'a rien à envier à des équipes européennes et techniquement elle possède des joueurs surdoués. Son match contre le Brésil en 8es de finale vaudra le détour. Je pourrais dire aussi que la Côte d'Ivoire aurait mérité mieux. Lors de son match contre les Pays-Bas, elle a été victime d'un arbitrage scandaleux. On l'a privée d'un penalty et en plus Van Bommel aurait dû être expulsé. Je peux aussi parler de la Tunisie qui, à mon sens, a mal débuté le tournoi contre l'Arabie Saoudite mais qui s'est fort bien reprise face à l'Espagne. Pour son malheur, cette sélection espagnole a été l'une des meilleures équipes de ce premier tour. Vous semblez en vouloir aux arbitres. Ce n'est pas qu'ils soient mauvais mais je pense que certains arbitres ont eu des décisions qui ont pesé sur le résultat des matches qu'ils ont eu à diriger. Le Togo, par exemple, a perdu contre la Suisse après qu'il eut été privé d'un penalty flagrant. Le plus dramatique c'est que ce sont toujours les petites équipes qui font les frais d'un tel arbitrage, les autres n'ont vraiment pas à se plaindre des directeurs de jeu qui officient à leur propre convenance, S'il y a une équipe qui vous a plu durant cette première partie de la Coupe du monde, quelle est-elle? Incontestablement l'Argentine. C'est une équipe complète, bien soudée, qui dispose d'une défense hermétique et qui, devant, a des joueurs qui peuvent aller vers le but. C'est une belle machine et elle l'a montré contre la Serbie-Monténégro qu'elle a désintégrée. Vous ne parlez ni de l'Allemagne ni du Brésil qui, pourtant, sont là. L'Allemagne bénéficie du soutien de tout un peuple. Elle peut y trouver matière à se motiver mais sa défense est constituée de jeunes éléments. J'ai bien peur qu'ils finissent par craquer. Quant au Brésil, sur les deux matches qu'ils a joués je ne l'ai pas trouvé extraordinaire. Je n'ai pas trouvé en lui l'âme d'un futur champion du monde. Maintenant, c'est le Brésil et avec la qualité des joueurs qu'il possède il pourrait trouver la bonne carburation et là il risque de redevenir redoutable. Et sur le plan des déceptions? Là, je ne risque pas de me tromper en vous disant que la Serbie-Monténégro a raté son Mondial. Cela est d'autant plus surprenant qu'elle avait réussi à dominer son groupe de qualification où il y avait, tout de même l'Espagne, en terminant la meilleure de toutes les sélections européennes. Là, elle a complètement craqué. Je suis de ceux qui avaient un certain amour pour le football yougoslave si léché et si technique. Aujourd'hui, il n'est plus que l'ombre de lui-même.