La visite du président de la République Abdelmadjid Tebboune en Italie a constitué une nouvelle opportunité pour approfondir le partenariat stratégique entre les deux pays. Elle a été également l'occasion de resserrer les liens entre les deux pays méditerranéens en matière de livraison de gaz et d'électricité. La série d'accords signés à Alger, le mois dernier, et entérinés à Rome hisse l'Algérie au rang de principal fournisseur de gaz de l'Italie supplantant ainsi la Russie. Par ailleurs, l'Algérie a proposé à l'Italie la réalisation d'un câble sous-marin entre les deux pays en vue de l'approvisionner en énergie électrique. Outre l'électricité, le chef de l'Etat a annoncé un projet dans les énergies renouvelables entre les deux pays. Ce qui permettrait à l'Algérie de se positionner, à terme, sur l'échiquier mondial de l'hydrogène, avec en perspective, d'importants débouchés à l'export. Les accords gaziers entre le Groupe Sonatrach et l'italien ENI permettent, également, à l'Algérie de renforcer sa position et de fournir un débouché fiable pour son produit, notamment gazier. Ce qui lui permet de maintenir fermées ses connexions gazières à travers le Maroc. Ces nouveaux accords s'inscrivent dans la stratégie de l'Italie visant à rechercher des alternatives au gaz russe, fournisseur historique majeur de l'Europe. Des contrats qui font de l'Algérie, le nouveau partenaire principal de l'Italie - et peut-être de l'Europe. D'autant que l'Algérie possède cependant un autre atout: elle abrite les troisièmes réserves mondiales de gaz de schiste même si celles-ci ne sont pour l'heure pas du tout exploitées du fait qu'elles demanderaient de gros moyens techniques et financiers. Pour l'Algérie, des tranchées sont creusées et des positions fortes sont prises grâce à l'Italie qui se positionne comme le partenaire privilégié de l'Algérie en Europe, ce qui pourrait jouer en défaveur de l'Espagne. En somme, l'Italie a su saisir le moment opportun pour conclure des accords fructueux avec l'Algérie, notamment dans le domaine de l'énergie, profitant des relations glaciales entre l'Algérie et l'Espagne sur fond de rapprochement enregistré entre Madrid et Rabat. C'est précisément cet aspect qui a distingué l'Italie des autres pays dans ses relations avec l'Algérie et ses accords énergétiques. L'Italie maintient sa politique du Sahara occidental en dehors de la pseudo-reconnaissance de la souveraineté marocaine. Ce que d'autres pays comme les Etats-Unis, l'Allemagne et plus récemment l'Espagne, avec la visite officielle de Pedro Sánchez à Rabat, ont fait. Avec cet accord, l'Italie fait un pas sur l'échiquier énergétique en devenant un hub énergétique pour l'Europe, mettant, ainsi fin au rêve espagnol. En effet, l'Italie est attendue pour devenir un hub gazier vers l'Europe, notamment avec la réalisation du gazoduc transsaharien entre le Nigeria et l'Algérie. Au moment où l'Algérie et l'Italie signaient plusieurs accords économiques, le président du Mouvement des entreprises de France «Medef», Geoffroy Roux de Bézieux, soutenait, à propos du Code des investissements adopté en Conseil des ministres, qu' «il faut que les règles soient connues à l'avance... il ne faut pas que les règles changent en fonction de l'arbitre». Une attaque en règle qui risque de laisser les entreprises françaises à quai. Alors que la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen veut relancer le débat autour du projet d'interconnexion gazière entre la France et l'Espagne, interrompu en 2019. Un projet qui risque d'être remis aux calendes grecques du fait que l'Algérie tient toujours rigueur à l'Espagne pour le changement de sa position sur la question du Sahara.