L'auteur cherche, dans son combat humaniste, la réconciliation avec l'oeuvre littéraire. Anouar Benmalek écrivain journaliste, né d'un mariage mixte (mère marocaine et père algérien) en 1956, était présent à Constantine samedi, où il a animé une rencontre, débat au Centre culturel français. Auteur de plusieurs oeuvres littéraires, l'écrivain a pourtant fait des études en mathématiques et obtenu un doctorat d'Etat en probabilités et statistiques, ce qui lui a permis de décrocher un poste de professeur de mathématiques à l'université des sciences et des technologies d'Alger. Durant cette même époque, Anouar Benmalek était journaliste au quotidien Algérie-Actualité. Révolté par les événements d'Octobre 1988, l'auteur ne pouvait se permettre de rester les bras croisés. Prêt à se jeter à l'eau, il fonda d'emblée avec d'autres intellectuels le «comité national contre la torture» dont il assura le rôle de secrétaire général pendant quelques années et c'est justement pendant cette période qu'il s'investit plus dans l'activité journalistique. L'auteur dira au cours de la rencontre de ce samedi: «Il est indispensable de faire revivre cette littérature qui nous appartient et qui est malheureusement exploitée à l'extérieur». Ces propos ont été prononcés à l'occasion de la sortie de ses nouvelles oeuvres littéraires, à savoir Monia aux éditions Fayard 2006 et qui sera disponible le mois de septembre prochain. Anouar Benmalek qui n'est pas revenu à Constantine depuis 20 ans, s'est dit ému et déçu. Emu, par le changement urbain choquant de la ville où il avait fait ses études, rendant pour responsable «le temps», déçu par le traitement qu'on inflige à une ville qui mérite mieux à ses yeux. «L'ensemble des émotions provoquées par mon retour m'a complètement déstabilisé, troublé et j'ai mis du temps à retrouver mes repères.» L'orateur, qui intervenait de manière anarchique, parlait bien mais dans le désordre. De même, il abordera plusieurs sujets :la littérature, le terrorisme, le Moyen-Orient, la technologie, l'art et le cinéma. Tout est relatif selon lui. En s'intéressant à la littérature en Algérie, Anouar Benmalek estime que «l'Algérie est le pays le plus privé de littérature. Comment peut-on subventionner des cartes pour regarder le Mondial et on refuse la même procédure pour la littérature...La grandeur des nations est avant tout le livre.» L'auteur cherche, dans son combat humaniste, la réconciliation avec l'oeuvre littéraire et à réintégrer le livre dans une société privée selon lui, de l'oeuvre la plus merveilleuse, réalisée par l'être humain et qui peut rapporter une richesse à la nation. «On possède de l'argent que nous n'avons pas mérité, issu des menaces de guerres, ou de guerres notamment au Moyen-Orient...on s'investit dans la production de l'armement mais pas dans la production du livre...c'est absurde.» Plus loin dans son intervention, l'auteur ne manque pas de critiquer le baccalauréat: «Comment avec un bac on peut se permettre de faire des erreurs et être fier en même temps...», s'est-il étonné. C'est une bombe politico-sociale que vit le peuple algérien, dira-t-il tout en refusant de reconnaître , qu'un jour, il s'est investi dans la politique. Il revient sur sa réussite à l'étranger et pas en Algérie, il dira: «C'est peut-être le fruit du hasard, ou une volonté divine». Mais en Algérie il n'avait aucune chance: «Mon expérience au pays m'a donné l'envie de pleurer, vu le massacre que j'ai constaté». Il poursuit: «Même en France, c'était pas facile, c'est le parcours du combattant, mais j'ai réussi comme Zidane». Cela lui a permis quelque part d'être exigeant envers lui-même. L'auteur, qui semble selon ses déclarations très philosophe en ce qui concerne l'existence, ne cesse de chercher la réponse à pourquoi on vit et pourquoi doit-on mourir? C'est là toute la question. Pourrions-nous dans ce cas, sous toute réserve, croire que Anouar Benmalek souffre d'un vide spirituel ou doute-t-il de sa foi. Enfin, abordant les problèmes du monde arabe dont les chefs dirigeants sont la cause principale de son malheur, l'orateur ne manque pas d'aller au fond de sa pensée. «Pour régler ce problème, notamment au Moyen-Orient, il y a deux solutions : l'une est naturelle, et ça serait que Dieu descende sur Terre pour mettre un terme au désarroi de ces peuples, l'autre est surnaturelle et consiste en une réconciliation des chefs dirigeants pour en finir avec l'injustice.»