L'écrivain se définit comme une personne pessimiste qui cherche à être optimiste. Rendez-vous hebdomadaire, initié par les Etablissement Arts et Culture en 2001, les Mercredis du verbe, sont revenus hier en ayant eu comme invité l'écrivain Anouar Benmalek dont le recueil de nouvelles intitulé: L'Année de la putain, vient d'être publié chez les éditions Sédia sous le titre Le Poumon Etoilé qui est une des nouvelles que renferme le livre. Cette sortie en Algérie fera suite prochainement d'une réédition de toute une collection baptisée, Mosaïque, et dont Sédia a pris la charge de publier puis de traduire en arabe, que ce soit des oeuvres d'écrivains algériens, qualifiés à juste titre par la littérature de l'exil que les livres étrangers. L'idée est venue, nous indiquera Radia Abed, hier lors du point de presse animé, au Théâtre de verdure, de la constatation que le livre reste inaccessible au grand nombre malgré les efforts de certains professionnels. De plus les écrivains préfèrent être édités en France du fait de la diffusion internationale. Notre prétention est le rapatriement littéraire et l'accès à nos livres à des prix raisonnables. L'idée est de publier au début en français, les traduire après en arabe ensuite s'attaquer au reste des écrivains et réunir sur un seul catalogue des noms aussi prestigieux que Anouar Benmalek, Yasmina Khadra, pour l'Attentat, prix des libraires français, 2006, Boualem Sansal, Nina Bouraoui pour son livre Mes mauvaises pensées, prix Renaudot, 2005, Mes hommes de Malika Mokedem et d'autres encore. A ce propos, nous informe-t-on, Malika Mokedem sera à Alger les 10,11 et 12 septembre à Alger et le 14 septembre à Oran, tandis que Yasmina Khadra sera quant à lui soumis au jeu des questions-réponses de Lazhari Labter dans le cadre des Mercredis du verbe, les 28, 29 et 30 octobre à Alger. Et Anouar Benmalek de prendre la parole et de confier: «En tant qu'écrivain, j'écris pour le public algérien qui, dommage, lui ne me lit pas. On n'existe pas ici, d'abord, à cause de la censure financière. L'Algérie ne mérite pas ce désert culturel» Et de renchérir: «Il n y a que l'électroménager qui compte, le livre n'a pas de valeur. Qu'on ne soit pas seulement qu'une rumeur. Il faut que nos livres soient lus et à un prix raisonnable. Le fait que mon prochain livre (O Maria) sorte à la fois en France et en Algérie, c'est formidable». A propos du changement du titre, Radia Abed dira que c'est dû à des contraintes purement sociales. «On a beaucoup hésité avant de le changer. Pour les médias interrogés, le dilemme était comment présenter un livre avec un pareil titre» (L'Année de la putain.). Pour Anouar Benmalek, l'écrivain doit évoluer sans faire attention à la pudeur. La censure pratique, non celle de l'Etat mais plutôt du libraire est la plus grave. A propos de la première nouvelle du recueil, à savoir, Eve, Anouar Benmalek dira qu'il a voulu parler, non pas de l'assassin et de l'assassiné, mais plutôt du chagrin. Eve est toujours considérée comme la pécheresse, or, c'est avant tout une mère qui entretient une relation de couple. Elle a des sentiments. J'ai eu de la compassion pour elle. J'ai voulu décrire ce chagrin. Les grandes religions sont toutes fondées sur un crime. «Mon plaisir en tant que romancier est de toucher au mythe et donner ma propre version, qui ne prétend pas à la véracité mais à la véracité de l'imagination.» Prenant comme second exemple, la nouvelle l'Andalousie, Anouar Benmalek dira avoir voulu montrer comment la civilisation andalouse disparaît à la fin et est assassinée. Parlant de lui en tant qu'individu, Anouar Benmalek confiera être non pas un nihiliste, mais un pessimiste qui cherche à être un optimiste. «J'ai jamais eu la prétention de noircir la réalité. Au contraire je la modère. J'ai tendance à mettre des sentiments». Faisant sienne la phrase d'Emile Habibi, il dira être un «pé-timiste». Notons que Anouar Benmalek sera aujourd'hui à la librairie Mauguin de Blida, le 24 juin au CCF de Constantine. Par ailleurs, nous indiquera Radia Abed, il est prévu la parution à la rentrée, de 2006, et ce , dans la collection Mosaïque, outre O Maria de Anouar Benmalek, les Sirènes de Baghdad, de Yasmina Khadra à paraître en France et en Algérie, La maîtresse en maillot de bain, (livre pour adolescents) à paraître aux éditions Clair de lune en mars 2006, Un train pour chez nous, de Azouz Begag, paru en 2001 aux Editions Thierry Magnier. Pour les premières échéances de 2007, 5 titres sont prévus pour le 1er trimestre à savoir, L'Enfant du peuple ancien de Anouar Benmalek, (en version arabe), L'Attentat de Yasmina Khadra (en version arabe), Mes mauvaises pensées de Nina Bouraoui, (en version arabe), Mes Hommes de M.Mokedem, (en version arabe) et Harraga de Boualem Sansal (en version arabe).