Même si cette augmentation est acquise, il n'a pas encore été décidé du cadre de l'annonce. C'est officiel. Les salaires des travailleurs de la fonction publique seront revus à la hausse. Le groupe de travail gouvernement-Ugta, qui planche sur les dossiers a conclu de la nécessité d'une hausse de tous les salaires, dans une fourchette allant de 1660 DA à 5415 DA net. En brut, le plafond donne 8500 DA. Cette augmentation concernera essentiellement l'indemnité complémentaire des revenus (ICR) qui sera vraisemblablement considérablement «gonflée». Cette option a été décidée après «avoir étudié et exploré plusieurs variantes», a indiqué le secrétaire national de l'Ugta chargé des relations publiques, M.Abdelkader Malki. Selon M.Malki cette démarche permettra de donner «des gains ciblés aux différentes catégories des fonctionnaires conformément aux objectifs recherchés» par les deux parties. Cela dit, même si cette augmentation est acquise, il n'a pas encore été décidé du cadre de l'annonce. M.Malki estime néanmoins que l'annonce «pourrait éventuellement être faite dans le cadre de la bipartite (gouvernement-Ugta)», puisque, a-t-il ajouté, «le travail réalisé a concerné uniquement la centrale syndicale et le gouvernement». Cette décision coûtera au Trésor public quelque 98 milliards de dinars. Ce chiffre a d'ailleurs été avancé avant-hier par le chef de l'Etat, «en attendant l'opération d'harmonisation du régime des salaires de la fonction publique, qui sera menée dans le cadre de l'application du nouveau statut de la fonction publique et des statuts spécifiques qui en découlent», a rappelé le président de la République, annonçant par là même une autre revalorisation des salaires de la fonction publique, à la prochaine rentrée sociale. Le même groupe de travail, ministère du Travail-Ugta, a également finalisé le rapport qui devait être déposé dans le bureau du chef du gouvernement avant le 29 juin prochain. C'est dire donc que l'équipe de Tayeb Louh a fait montre d'une grande célérité dans le traitement de ce dossier qui, tension sociale oblige, est devenu la priorité des priorités du gouvernement. L'annonce de cette augmentation vient donc confirmer les propos du chef du gouvernement qui, sur les ondes de la Chaîne1 de la radio nationale, avait annoncé que «la revalorisation des salaires prendra en considération les primes, dont une partie sera calculée dans la retraite», rappelant que l'avant-projet de loi relatif à la fonction publique «sera prochainement présenté au Conseil des ministres pour adoption». Interrogé sur le taux d'augmentation des salaires, M.Belkhadem avait indiqué que «cette augmentation ne sera pas symbolique», notant que le groupe de travail, chargé de ce dossier, «devra aboutir à un accord pour pallier le déséquilibre constaté dans le pouvoir d'achat des citoyens, à travers le reclassement des salaires et l'intégration de certaines primes dans le salaire de base». Ainsi, à peine un mois après son installation à la tête de l'Exécutif, Belkhadem passe concrètement à l'acte et donne un premier signe de volonté d'apaiser le front social. Cette décision qui sera, sans nul doute, très bien reçue par l'ensemble des travailleurs de la fonction publique, renseigne, si besoin est, sur la volonté des pouvoirs publics d'opter pour le «dopage» de la consommation des ménages, dans l'espoir de voir cette donne importante constituer une locomotive de l'appareil national de production. La sphère d'affaires, directement concernée par la loi sur l'emploi, votée récemment par l'APN, est donc appelée à «jouer le jeu», histoire de tirer vers le haut la productivité, ce qui conduirait nécessairement à une «voltaïsation» systématique des salaires des travailleurs de l'industrie et des services. Cela dit, le choix du gouvernement ne sera sans doute pas du goût du FMI qui lui, préconise une dynamique du marché comme locomotive de l'augmentation du niveau de vie. Mais l'Algérie, actuellement désendettée, n'a rien à devoir à cette institution financière internationale.