Le deuxième tour des législatives a commencé dès hier, dans une France d'outre- mer où les électeurs de Saint-Pierre-et-Miquelon, un archipel voisin du Canada, a donné le la, suivi par la Guyane (Amériques du Sud et Nord) ainsi que par les îles des Caraïbes, Martinique, Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Idem pour les électeurs de La Réunion et de Mayotte, dans l'océan Indien. Aujourd'hui, ce sera au tour des électeurs de l'Hexagone de déterminer quelle marge de manoeuvre va obtenir le président Emmanuel Macron, réélu en avril dernier sans grande difficulté face à la candidate de l'extrême droite mais talonné, à la surprise générale, par le chef de file de la gauche unie, Jean-Luc Mélenchon. Le dirigeant centriste libéral compte rééditer le tour de force de 2017 avec une majorité absolue au Parlement qui compte 577 députés, un objectif rendu incertain par la montée en puissance de l'alliance des partis de gauche (France insoumise, parti communiste, socialistes et écologistes) baptisée Nupes ainsi que par l'extrême droite également confortée. Au premier tour du scrutin, la surprise a été grande de voir la coalition Ensemble autour du parti de Macron sortir des urnes au coude- à- coude avec la Nupes. Enhardie, la gauche a appelé à la mobilisation générale pour réduire le taux d'abstention qui a franchi la barre des 52% et Mélenchon n'a pas hésité à dire que «c'est maintenant ou jamais» pour imposer une cohabitation à laquelle il croit dur comme fer. Macron, avant de s'envoler pour la Moldavie et l'Ukraine, a bien tenté de dramatiser l'enjeu, avertissant les Français qu'en choisissant «les extrêmes», ils risquent de précipiter le pays dans un «désordre» national à l'heure d'un «désordre mondial». Du côté de Marine Le Pen, le vent est également à l'optimisme puisque les sondages créditent l'extrême droite de pas moins de 15 députés, seuil nécessaire et suffisant pour disposer, pour la première fois, d'un groupe à l'Assemblée, synonyme de plus de moyens et de visibilité législative. Reste le grand épouvantail de l'abstention dont nul ne sait si elle va encore être massive, malgré les exhortations des partis en campagne électorale. La France qui, comme les autres pays du sud de la Méditerranée, traverse une période caniculaire exceptionnelle pourrait subir une certaine désaffection de l'électorat qui bouderait les urnes, à l'heure où le pouvoir d'achat connaît les répercussions inéluctables du conflit en Ukraine, notamment en ce qui concerne le prix du carburant à la pompe dont on se souvient qu'il avait mis le feu aux poudres et déclenché le mouvement des Gilets jaunes, durant plus d'une année. Le 12 juin dernier, déjà, un Français sur deux avait préféré partir à la pêche, un record pour un tel enjeu électoral.