Le président Emmanuel Macron s'est posé en rempart contre les «extrêmes» en fin de campagne du premier tour des élections législatives en France, qui s'achève officiellement vendredi à minuit. Un mois et demi après sa réélection le 24 avril, le chef de l'Etat français a repris les mêmes arguments que lors de la présidentielle appelant les Français à lui donner une «majorité claire» à l'Assemblée nationale en brandissant la menace des extrêmes de la gauche radicale à l'extrême droite, synonymes selon lui de «désordre» pour la France. «Rien ne serait plus dangereux que d'ajouter au désordre mondial un désordre français que proposent les extrêmes», a affirmé le président Macron, jeudi, dans un discours dans le sud-ouest de la France, renvoyant dos-à-dos la finaliste d'extrême droite de la présidentielle Marine Le Pen et le leader de la gauche radicale Jean-Luc Mélenchon. Les Français doivent renouveler la totalité de l'Assemblée nationale, soit 577 députés, lors d'un scrutin à deux tours, ce dimanche et le 19 juin. Le vote débute, aujourd'hui, dans plusieurs territoires français hors métropole, en Guadeloupe ou Martinique, notamment. Le principal enjeu du scrutin est de savoir si Macron disposera d'une majorité relative ou absolue à l'Assemblée, et quel sera le poids des oppositions notamment de gauche. Le discours de Macron a sonné comme un appel à la mobilisation, au moment où une alliance de partis de gauche sous la houlette de Mélenchon pourrait menacer la majorité absolue du parti de Macron et ses alliés centristes à l'Assemblée nationale. L'absence d'une telle majorité compliquerait le chemin des réformes que le président souhaite entreprendre pour son second mandat, sur les retraites, notamment. La campagne, qui a peu mobilisé les Français, a été marquée par ce duel entre le camp d'Emmanuel Macron et cette alliance électorale à gauche. Les sondages donnent les deux formations au coude- à- coude (autour de 26-28% des intentions de vote), avec l'abstention en arbitre. Elle pourrait atteindre un nouveau record, entre 52 et 56%, au-delà des 51,3% en 2017. En termes de projections de sièges pour le second tour, les sondages donnent un avantage à la formation de Macron et ses alliés qui arriveraient en tête, mais sans certitude d'obtenir la majorité absolue de 289 députés. «Il y a eu un désintérêt total depuis le début pour la campagne qui s'est accentué au fur et à mesure, c'est le signe aussi je crois, d'une forme de lassitude électorale», a expliqué, hier, Bruno Jeanbart de l'institut Opinionway sur Radio classique, disant attendre «un record d'abstention», notamment chez les jeunes. S'amusant de la «fébrilité» du camp présidentiel, Jean-Luc Mélenchon se rendait hier à Marseille (sud) pour un ultime discours. Marine Le Pen, elle, était dans son fief à Hénin-Beaumont, dans le nord de la France, là même où elle a effectué dimanche dernier le seul meeting de campagne. Le président Macron n'a pas prévu de déplacement pour cette dernière journée de campagne, mais 14 membres du gouvernement qui se présentent aux législatives occupent le terrain, dont la Première ministre Elisabeth Borne. Celle-ci se présente pour la première fois à un mandat électif. L'attention se focalise cependant sur un nouveau rebondissement dans l'affaire des incidents aux abords du Stade de France, le 28 mai, après l'annonce la veille que les images de vidéosurveillance gérées par le Stade de la finale de la Ligue des Champions avaient été supprimées. L'opposition a pilonné, hier, les ministres de l'Intérieur Gérald Darmanin et de la Justice Eric Dupond-Moretti, les accusant de ne pas s'être assurés que toutes les images seraient conservées. «Ça s'appelle couvrir ses traces», a dénoncé Marine Le Pen sur BFMTV, parlant d'une «destruction de preuves par inaction». Pour le chef de file des sénateurs de droite LR Bruno Retailleau, «on se dirige tout droit vers un scandale d'Etat». Le dispositif de maintien de l'ordre lors du match le plus important de la saison en Europe fait l'objet d'une vive polémique en France et en Angleterre.