La réunion organisée au Caire par la Conseillère spéciale du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, Stephanie Williams, entre les deux principaux camps rivaux a tourné court. Alors que l'ordre du jour de cette rencontre entre les deux délégations conduites, l'une par Saleh Aguila, président du Parlement et représentant les autorités de l'Est basées à Tobrouk et à Benghazi (forces combattantes du maréchal Haftar) et l'autre par le président du Haut Conseil d'Etat (HCE), basé à Tripoli, et portant les intérêts de la région éponyme, concernait le cadre constitutionnel, Aguila a réclamé une reconnaissance formelle du gouvernement de Fathi Bachagha et son installation dans la capitale libyenne, au lieu et place du gouvernement de Abdelhamid Dbeibah. Il n'en fallait pas plus pour que la réunion prenne fin avant même d'avoir commencé, et de cet échec cuisant, il ressort clairement que la Libye est loin d'entrevoir une véritable sortie de crise politique. Pire, la menace d'une reprise des combats entre les groupes armés de l'Est et de l'Ouest reste toujours de mise et s'avère même plus pressante que jamais. Prévue du 12 au 19 juin dans la capitale égyptienne, un choix de Stephanie Williams qui a «préféré» Le Caire à Tunis pour des raisons évidentes, dans la mesure où il lui fallait tenter coûte que coûte de relancer le processus de négociations et maintenir en perspective l'éventualité d'une issue au conflit, du reste savamment entretenu par des ingérences étrangères multiples et aux intérêts contradictoires, la réunion pour l'adoption d'une base constitutionnelle indispensable à la préparation des élections générales avortées en décembre 2021 aurait dû sceller une entente a minima des représentants du Parlement et ceux du Haut Conseil d'Etat mais c'est la mort dans l'âme que la conseillère spéciale du secrétaire général de l'ONU pour la Libye, l'Américaine Stephanie Williams a annoncé sur Twitter: «Le troisième et dernier round de négociations entre la Chambre des représentants et le HCE sur le volet constitutionnel libyen s'est achevé au petit matin du 20 juin. Des divergences persistent sur les mesures régissant la période transitoire menant aux élections.». Tentant de faire bon coeur contre mauvaise fortune, elle a observé que, même si cela a tout l'air d'un échec somme toute prévisible, «le comité mixte est parvenu à un large consensus sur les articles litigieux du projet de Constitution libyenne», avant de saluer les efforts des deux délégations pour «résoudre leurs divergences sur un certain nombre de questions complexes». Et, comme d'habitude, Mme Williams a rappelé que le peuple libyen, dont près de 3 millions s'étaient inscrits sur les listes électorales en prévision des scrutins du 24 décembre 2021, «ne mérite rien de moins de la part de (ces) dirigeants politiques». La Conseillère spéciale a exhorté les présidents des deux Chambres libyennes «à se réunir (de nouveau) dans un délai de dix jours pour résoudre les problèmes en suspens». Mais son apparente ténacité se heurte aux appétits des principaux antagonistes de la crise qui se traduit, en 2022, par deux gouvernements rivaux, c'est -à- dire un retour à la case départ.