Convié à prononcer un discours au Sommet des Brics, le président de la République a traduit clairement la pensée de l'Algérie en faveur d'un nouvel ordre mondial, plus juste et plus égalitaire que celui qu'impose l'Occident à toute l'humanité. La position d'Alger sur ce dossier précisément date de plus de 50 ans. Entre-temps, la situation a évolué et des pôles régionaux puissants ont vu le jour. Même si l'Occident, conduit par les Etats- Unis, demeure encore la puissance dominante, il n'en reste pas moins que son hégémonie n'est plus aussi totale. Son incapacité à rallier à ses thèses la majorité des pays de la planète sur la guerre en Ukraine, traduit les premières fissures de la cuirasse occidentale. L'ordre mondial, né après la Seconde Guerre mondiale, avec ses instruments de domination que sont la Banque mondiale et le FMI, se retrouve sérieusement ébranlé par l'émergence de puissances économiques régionales. L'une d'entre elles, la Chine, est en passe de détrôner les USA au plan économique et bientôt technologique et militaire. Avec sa propre station spatiale et ses nombreux porte-avions 100% made in China, le pays de l'empire du Milieu est sur la voie d'une sorte d'intégration mondiale à travers, notamment son gigantesque projet de la route de la soie. Il y a là un élément déterminant du nouvel ordre mondial. L'Algérie est sur le tracé de cette voie et y adhère franchement. Mais ce nouvel ordre auquel a appelé le chef de l'Etat devant les dirigeants des Brics, ne doit pas être une pale copie du précédent. C'est tout l'intérêt pour les chefs d'Etat réunis à Pékin d'écouter le point de vue d'une nation africaine, située à l'autre bout du continent noir, face à l'Afrique du Sud. Un axe que partage le Nigeria, avec lequel l'Algérie entreprend de réaliser une oeuvre majeure, inscrite au Nouveau partenariat pour l'Afrique (Nepad) et qui sera réalisé par des compétences africaines pour l'essentiel. L'Algérie, c'est aussi une nation méditerranéenne qui tient tête à un Occident arrogant et refuse d'en être un terrain de jeu comme le sont certains pays du continent noir. Les Brics ne pourraient pas imaginer une organisation du monde, sans tenir compte de l'avis et du poids d'un pays, disons-le, particulier, par son Histoire, son peuple et la destinée qu'il s'est donnée. Au sommet des Brics, le président Tebboune était porteur de toute cette richesse historique, diplomatique et géostratégique. Sa consultation apparaît donc comme un acte indispensable, sachant le poids déterminant dans l'Histoire de trois pays sur les cinq qui composent cette organisation qui a décidé de défier l'Occident. La Chine doit son siège de membre permanent au Conseil de sécurité de l'ONU à l'activisme diplomatique de l'Algérie. À ce jour, Pékin, dont le rôle pour l'indépendance de l'Algérie n'est plus à démontrer, n'oublie pas le coup de maître de la diplomatie algérienne. L'Afrique du Sud doit son indépendance à cette même diplomatie qui a réussi à chasser le régime de l'Apartheid au pouvoir dans ce pays, de l'Assemblée générale de l'ONU. N'était-ce l'acharnement de l'Algérie, l'ANC de Nelson Mandela n'aurait pas triomphé et le régime racisme des Afrikaners serait encore en place. Les Occidentaux ont salué tardivement le combat pour une Afrique du Sud libre. Quant à la Russie, il n'est pas besoin de rappeler la profondeur des relations qui la lient à l'Algérie. Les deux pays ont lutté ensemble pour l'indépendance de très nombreux pays africains et asiatiques. L'Inde et le Brésil sont entrés dans le club des Brics, de par leur poids économique. Ils entretiennent les meilleures relations avec l'Algérie, dont ils reconnaissent l'influence en Afrique et en tant que nation non alignée qui a joué un rôle déterminant pour l'émergence d'un nouvel ordre mondial. L'invitation de Abdelmadjid Tebboune à cet important Sommet qui se tient dans un contexte international tout à fait inédit, témoigne de la volonté des Brics d'associer l'Algérie à la recherche d'une issue juste et équitable à la crise qui secoue la planète présentement.