Les dirigeants des cinq pays émergents, les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), réunis à Durban en Afrique du Sud, se sont mis d'accord, hier, pour créer une banque de développement commune destinée à financer des infrastructures, qui devrait leur permettre de se passer de la Banque mondiale.«C'est fait», a déclaré le ministre sud-africain des Finances Pravin Gordhan. Les détails qui s'y rapportent devraient être annoncés aujourd'hui par les chefs d'Etat et de gouvernements des cinq pays. Toutefois, selon un diplomate indien, il ne pourrait s'agir que d'un accord de principe, le règlement des questions techniques étant remis à plus tard. La nouvelle banque devrait être dotée d'un capital de départ de cinquante milliards de dollars, soit dix milliards par pays. Quand bien même elle devrait avoir du mal à réunir une telle somme qui correspond à 2,5% de son Produit intérieur brut (PIB), l'Afrique du Sud en a fait une priorité. Elle espère trouver ainsi un moyen de financer son ambitieux programme d'infrastructures et aussi les projets des pays voisins. Le pays hôte a d'ailleurs donné pour thème à la rencontre de Durban «Les BRICS et l'Afrique : un partenariat pour le développement, l'intégration et l'industrialisation». Seulement, en Afrique, la Chine, un pays influent au sein des BRICS, semble susciter des appréhensions. Certains vont jusqu'à dire que la Chine n'est plus un pays émergent, et que ses relations économiques avec le continent s'apparentent désormais à une «nouvelle forme de colonialisme». Hier, le président sud-africain Jacob Zuma, a reçu son homologue chinois Xi Jinping dans le cadre d'une visite d'Etat à Pretoria. «Nous voyons les succès de la Chine comme une source d'espoir et d'inspiration. L'émergence de la Chine porte des leçons pour nous, car nous essayons de suivre son exemple», a déclaré M. Zuma, cité par des médias. «Nous considérons chacun l'autre partie comme une priorité [...], et comme une opportunité pour notre propre développement», a relevé Xi. Le président chinois a dit espérer que le sommet de Durban déboucherait sur «des résultats positifs et aiderait à intensifier la coopération entre les pays BRICS et les pays africains». Les BRICS, qui rassemblent 43% de la population et produisent le quart du PIB de la planète, veulent se doter d'institutions et mécanismes communs, leur permettant de contourner un système mondial actuellement dominé par l'Occident, du Fonds monétaire international (FMI) à la Banque mondiale en passant par les agences de notation. Outre la création d'une banque de développement, ils pourraient aussi mettre en réserve une partie de leurs fabuleuses réserves de change (4 400 milliards de dollars), aux trois quarts détenus par Pékin, pour s'entraider en cas de choc conjoncturel. Ce pot commun, qui leur permettrait d'éviter un recours au FMI, devrait être doté d'une centaine de milliards de dollars. Y. S.