Fort d'une impunité permanente et du soutien que lui assure un membre permanent au sein du Conseil de sécurité de l'ONU, le royaume du Maroc vient de rééditer l'affront déjà infligé aux envoyés spéciaux des Nations unies précédents, l'Américain Christopher Ross et l'Allemand Kundi dernier, c'est au tour de Staffan de Mistura d'apprendre à ses dépens que le Makhzen n'est pas celui qu'on dit et qu'il bafoue sans aucune réserve la légalité internationale. C'est ainsi qu'il se permet d' « interdire» à l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU d'effectuer sa première visite dans les territoires sahraouis occupés, preuve de l'«absence totale d'une volonté politique de Rabat de s'engager de manière constructive» dans le processus de paix parrainé par la communauté internationale, ainsi que l'a dénoncé le Front Polisario. Son représentant auprès des Nations unies et coordinateur avec la Mission pour l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara occidental (MINURSO), Sidi Mohamed Omar, a d'ailleurs déclaré: «Les Nations unies ont annoncé lundi que Staffan de Mistura, qui a entamé samedi une visite dans la région, a décidé de ne pas se rendre au Sahara occidental», une visite ayant été néanmoins soulignée vendredi dernier par le porte-parole de l'organisation onusienne, Stéphane Dujarric. Annoncée de manière biaisée et confuse, la «décision» de De Mistura résulte en réalité du recours systématique du Makhzen aux méthodes d'obstruction et de chantage, conjuguées à d'autres manoeuvres dilatoires, pour empêcher les représentants personnels successifs du SG de l'ONU d'assumer réellement leur mission, notamment en ce qui concerne le volet des visites du territoire sahraoui illégalement occupé depuis des décennies. En clair, cette politique démontre au grand jour que le royaume marocain n'a jamais eu et n'aura jamais une quelconque volonté politique de s'engager sérieusement, et de manière constructive, dans le processus de règlement du conflit au Sahara occidental. Tout au plus, sa tactique consiste à jouer la carte du faux-semblant et à faire illusion sur sa prétendue prise en compte de la mission dévolue à l'envoyé spécial onusien qui doit, bon gré mal gré, s'incliner devant les exigences du Makhzen, quand il ne lui faut pas passer sous ses fourches Caudines. L'interdiction des visites dans le Sahara occidental occupé a des soubassements évidents. Il s'agit, pour le royaume marocain, de maintenir la chape de plomb sur les exactions et les graves atteintes aux droits de l'homme dont ses forces armées se rendent méthodiquement coupables à l'encontre d'une population civile désarmée. Tout comme il empêche les médias internationaux d'y entrer, il n'hésite pas à barrer la route au représentant personnel du SG de l'ONU, quel qu'il soit et quels que soient les atouts dont il dispose. Hier, ce fut James Baker puis Christopher Ross, du côté américain, qui ont éprouvé les atteintes flagrantes et impunies à leur mission sous l'égide du Conseil de sécurité de l'ONU et, aujourd'hui, c'est De Mistura qui découvre à ses dépens que le royaume du Maroc a un total mépris de la légalité internationale, qu'encourage une impunité garantie à coups de veto au Conseil de sécurité.