Le plateau de 30 unités d'oeuf frôle les 600 DA dans les commerces, alors qu'il était vendue, la semaine dernière, à 350 dinars. L'unité est cédée a 20 DA la pièce. Un prix jamais atteint. Il faut savoir que le plateau est cédé entre 430 et 480 DA dans les marchés de gros. C'est ce que nous avons constaté, hier, lors d'une virée effectuée au niveau du marché de gros des Eucalyptus. Quelles sont les raisons de cette hausse spectaculaire? Jusqu'où ira cette flambée des prix de l'oeuf? À l'effet de tenter de trouver des réponses à ces questions et autres, nous avons sollicité Hamza Cherif, le SG de l'Association nationale des éleveurs de volaille, l'Anev. Les prévisions de ce responsable, fin connaisseur des rouages de la filière avicole ne sont pas rassurantes pour les ménages à faibles revenus, qui trouvaient «refuge» dans cet aliment riche en protéines. Contacté, hier, par nos soins, ce dernier n'a pas exclu une nouvelle hausse des prix des oeufs. La raison? «Nombreux sont les producteurs qui se sont retrouvés contraints de mettre la clé sous le paillasson», répond Hamza. «Les éleveurs de poules pondeuses qui ont cessé l'activité se comptent par milliers», ajoute-t-il. Cela avant d'alerter sur le niveau actuel de la production nationale. «Les poules pondeuses disponibles ne couvrent que 30% de la demande nationale, qui nécessite une moyenne de 360 000 têtes annuellement», signale-t-il. Poursuivant, le SG de l'Anev a proposé de recourir au dégel de l'importation des poules pondeuses». Une solution d'urgence, car l'impact de la baisse des volumes de la production ne fait que commencer à se faire ressentir, selon les explications de notre interlocuteur. «Le dépeuplement des fameuses poules pondeuses, qui sont majoritairement importées se poursuit, car, celles-ci ont un cycle de ponte très réduit: 6 mois maximum», a-t-il davantage expliqué. Et d'enchaîner «Les poules, notamment industrielles, ne pondront pas toute leur vie. Après des mois intensifs de ponte, elles s'affaiblissent. À ce stade, elle deviennent ce qu'on appelle des poules de réforme. Elles finissent à l'abattoir, avant d'être transformées en cachir et pâté». Alors que la poule pondeuse prête coûte jusqu'à 950 DA, le prix demandé pour «la réformée» est symbolique. 200 DA le kg, histoire de couvrir seulement les dépenses qui pèsent de plus en plus lourd sur les producteurs. La hausse des prix des oeufs est imputée, par les producteurs, à la cherté du prix de l'aliment. Le prix du quintal coûte 7 000 DA à l'Office national des aliments du bétail (Onab). L'autre enseignement de notre petite enquête est que certains spéculateurs bénéficient, auprès de l'Onab d'importantes quantités d'aliments subventionnés pour les détourner, afin de les revendre sur le marché informel. La même quantité de l'aliment spécial dont se nourrissent les poules pondeuses est cédée de 7 500 à 8 000 DA au marché informel, 1000 DA de plus. Un sérieux coup de pied dans la fourmilière s'impose ainsi, pour mettre fin à ces agissements qui se répercutent inévitablement sur les consommateurs.