Gros cafouillage au sein des offices (ONAB) de distribution des aliments de bétail et de volaille: les prix de base ont été revus à la hausse, annonçant une hausse vertigineuse des prix au panier. Pour les ménages, cela veut dire le poulet ou le kilo de viande payés presque au double. Au sein des administrations des offices, c'est un peu la grosse surprise : «On s'attendait à des augmentations de prix mais pas à cette hauteur », nous indiquera un cadre. La hausse semble tellement stupéfiante qu'elle a provoqué un effet de paralysie. « Au sein de nos directoires, on ne fournit aucune explication solide. Pour preuve, on nous explique à la fois que les prix sont applicables à partir du 1er octobre courant mais que ces prix ne sont applicables que pour les SPA, les filiales ou clients publics des offices ». En clair, les éleveurs ne sont pas encore touchés mais l'impact de l'information se fait déjà sentir : des achats en masse et un effet de rush sur les silos depuis quelques jours. Cette hausse des prix, presque au double en attendant la confirmation du directoire, intervient en contradiction des promesses faites aux éleveurs de les aider à amortir les prix des aliments suite aux hausses dans les marchés internationaux. Pour faire face à l'effet domino, le gouvernement avait décidé, on s'en souvient, d'exonérer les aliments de volaille des taxes douanières et de la TVA comme premier effet de barrage aux nouveaux prix mondiaux. «Cela s'ajoutait à d'anciennes mesures de soutien des prix des aliments de bétail », nous confie notre source. Sauf que tout ce procédé semble être désormais caduc avec les nouveaux prix. «On ne sait plus quoi faire », nous confie notre source. « Hier, on nous a prévenus verbalement d'Alger qu'il faut stopper toutes les opérations de ventes pour les clients : éleveurs de vaches laitières, éleveurs de poules, privés ou publics ». La raison ? « Je crois qu'on redoute l'explosion avec ces nouveaux prix ». Des détails ? « L'AVL par exemple, c'est-à-dire l'Aliment vache laitière, est passé de 2.520 DA/quintal il y a quelque temps à 4.500 TTC le quintal selon les nouveaux barèmes provisoires ! Pour les autres produits, la hausse prévue est de l'ordre de 30% à 40% ». En clair, selon des éleveurs rencontrés hier, « il s'agit d'une hausse directe sur les produits à la vente que cela soit l'œuf, la viande blanche ou la viande rouge. On ne peut amortir seuls cette révision, c'est le client final qui va la payer ». Pressentant un gros effet de manivelle, le directoire des offices a donc décidé d'une réunion d'urgence à Alger pour « amortir » la crise et trouver une solution médiane entre effets des marchés mondiaux et flambée des prix. A quelques jours de l'Aïd entre autres. « Hier après-midi on nous a demandé de stopper les ventes et de refuser les versements des clients tant qu'une solution n'est pas trouvée », nous affirme notre source. Pour les éleveurs, « la crise est déjà là et la spéculation sur les aliments a déjà commencé !». Tard dans l'après-midi, les nouveaux prix ont été rendus publics confirmant la hausse et annonçant une flambée sur les viandes en fin de cycle dans quelques jours au plus. Au final, « l'aliment de vache laitière a été augmenté de 1.100 DA. Celui des ovins a été revu avec 500 DA en plus sur le quintal. Celui du poulet de chair et de la poule pondeuse a été augmenté de 1.000 et 1.130 DA respectivement ». Le panier de l'Algérien fera le reste des calculs donc pour sa viande et ses oeufs.