L'Italie vient d'entrer dans une nouvelle crise politique, au lendemain du boycott d'un vote de confiance au gouvernement de Mario Draghi par son allié le Mouvement 5 Etoiles. Le Premier ministre a dû, aussitôt, présenté sa démission que le président de la République Sergio Mattarella a cependant refusée. Il reste à Draghi comme issue pour sauver les meubles de demander mercredi prochain une nouvelle fois le vote de confiance des députés mais d'ici là, toutes les hypothèses sont sur la table. La crise intervient, en effet, dans un contexte de turbulences internationales multiples et incertaines, de sorte que la manoeuvre du Mouvement 5 Etoiles apparaît pour bon nombre d'observateurs comme «incompréhensible». Le scénario du pire devient plus que probable même si, au demeurant, les choses étaient prévisibles tant la relation entre le Premier ministre et ses alliés du Mouvement 5 Etoiles sont devenues problématiques. Formée en février 2021, une coalition emmenée par Draghi avait succédé à celle de Giuseppe Conte, acculé à la démission après l'éclatement de sa propre coalition. Dite d' «unité nationale», elle est depuis conduite par l'ancien président de la Banque centrale européenne et a surmonté l'épreuve de la pandémie et de la crise économique conjuguées. Cette «union» de centre-droit et de centre-gauche comprend le parti démocrate Italia Viva, celui de Silvio Berlusconi Forza Italia, le M5S antisystème et même la Ligue, formation d'extrême droite farouchement anti-immigration. Seul, Fratelli d'Italia, l'extrême droite pure et dure est resté en marge. Or, depuis le 22 juin dernier, le M5S connaît une scission qui a rejailli au sein du gouvernement Draghi. Ce jour-là, le MAE Luigi Di MaIo décide de quitter le M5S pour former son propre groupe parlementaire et soutenir l'action de Mario Draghi. Il est suivi par 60 députés du Mouvement tous critiques du dirigeant du parti Giuseppe Conte, accusé de saper le travail du gouvernement favorable à l'Ukraine et de fragiliser ainsi sa position dans l'UE. Réaction attendue, Conte annonce le 13 juillet que le M5S fera obstacle à un décret-loi portant 23 milliards d'euros d'aides aux familles et aux entreprises face à l'inflation. Les sénateurs du groupe n'ont donc pas participé au vote de confiance demandé par l'Exécutif au motif que le texte comprenait la construction d'un incinérateur d'ordures aux portes de Rome, au grand dam du Mouvement 5 Etoiles. Draghi a obtenu le vote de confiance par 172 voix contre 39 mais il a grand besoin du soutien de la première force politique du Parlement, depuis mars 2018 même si celle-ci s'est quelque peu érodée. Hier, le Premier ministre a pris acte de «l'érosion» de sa majorité d'union nationale, refusant que son gouvernement soit «politique». Même s'il n'a pas besoin du M5S comme force d'appoint, il n'entend pas diriger un cabinet sans «perspective claire». Or, le président Mattarella est, lui, opposé à une convocation anticipée des élections législatives prévues en 2023, ce qui complique quelque peu la donne et plonge l'Italie dans un brouillard politique auquel le pays est, malgré tout, habitué.