Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a limogé la procureure générale et le chef des services de sécurité du pays en raison de soupçons de trahison de certains de leurs subordonnés au profit des Russes, alors que s'ouvrait hier une nouvelle réunion de l'UE visant à renforcer les sanctions contre Moscou.»J'ai pris la décision de relever de leurs fonctions la procureure générale» Iryna Venediktova, «et le chef des services de sécurité» (SBU) Ivan Bakanov, a déclaré Zelensky dimanche soir, alors que la Russie poursuit ses bombardements sur plusieurs villes ukrainiennes. Les autorités ukrainiennes enquêtent sur plus de 650 cas de soupçons de trahison de responsables locaux, dont 60 dans les zones occupées par les forces russes et prorusses, a-t-il ajouté dans son adresse du soir. «Un si grand nombre de crimes contre les fondations de la sécurité nationale et les liens établis entre des responsables ukrainiens en charge de l'application des lois et les services spéciaux russes posent des questions très sérieuses aux dirigeants concernés. Chacune de ces questions recevra une réponse», a-t-il poursuivi. Mme Venediktova a notamment dirigé l'enquête sur les atrocités présumées commises au début de l'opération spéciale russe dans la ville de Boutcha, banlieue au nord-ouest de Kiev. Hier, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne vont débattre à Bruxelles d'un durcissement des sanctions contre Moscou, les salves successives adoptées jusqu'à présent ayant isolé économiquement la Russie, sans la faire reculer ou renoncer à son opération lancée le 24 février. Ils doivent se pencher sur deux proposition de la Commission européenne d'interdire les achats d'or à la Russie pour aligner les sanctions de l'UE sur celles de ses partenaires du G7, et d'inscrire de nouvelles personnalités russes sur la liste noire de l'UE. «Moscou doit continuer à payer le prix fort pour son agression», a déclaré vendredi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, après avoir transmis les nouvelles mesures aux Vingt-Sept. Le président Vladimir Poutine a affirmé au début du mois que l'armée russe n'avait «pas encore commencé les choses sérieuses», et le ministre de la Défense Sergueï Choïgou a ordonné la semaine passée d'«accroître encore» la pression militaire. Trois jours à peine après des frappes au missile de croisière qui ont dévasté le centre de Vinnytsia, à des centaines de kilomètres du front, faisant 24 morts, les bombardements continuent. La Russie a annoncé samedi avoir officiellement mis fin à la «pause opérationnelle» de son armée décrétée il y a huit jours, et les bombardements ont repris avec plus d'intensité dans le Donbass (est), dont le contrôle total est le principal objectif à court terme de Moscou. Donetsk, l'une des deux provinces du Donbass, est le théâtre d'une série d'opérations menées par les séparatistes pro russes qui tiennent une partie de la même région depuis 2014 et qui ont accusé les forces ukrainiennes d'avoir tiré 60 roquettes avec des lance-roquettes multiples Grad sur un quartier de cette ville. «Des immeubles d'habitation ont été touchés», ont-ils affirmé, publiant des images de bâtiments réduits en ruines, sans faire état de victimes. Au nord-est, des missiles ont frappé dans la nuit de samedi à dimanche Kharkiv, la deuxième ville du pays, proche de la frontière russe. D'autres frappes ont visé Mykolaïv, ville du sud proche de la mer Noire, et des villages de la région. Le président Zelensky a par ailleurs de nouveau critiqué dimanche la décision canadienne, prise la semaine dernière, de permettre le retour en Europe de turbines réparées au Canada et destinées au gazoduc russe Nord Stream. Il a indiqué avoir dit au Premier ministre canadien Justin Trudeau, qu'il a eu au téléphone dans la journée, que les Ukrainiens n'accepteraient jamais cette décision qui viole selon lui le régime des sanctions occidentales contre la Russie. La guerre en Ukraine entrera le 24 juillet dans son sixième mois et il n'existe aucun bilan global des victimes militaires et civiles du conflit jusqu'à présent.