La Russie a affirmé, hier, avoir tué jusqu'à 80 combattants polonais dans un bombardement dans l'est de l'Ukraine, où les combats font rage entre les forces de Kiev et celles de Moscou. «Jusqu'à 80 mercenaires polonais, 20 véhicules blindés de combat et huit lance-roquettes multiples Grad ont été détruits dans des frappes d'armes de haute précision sur l'usine de zinc Megatex, dans la localité de Konstantinovka», a déclaré le ministère russe de la Défense dans un communiqué. Cette localité, Kostiantynivka en ukrainien, est située dans la région de Donetsk, théâtre de violents combats depuis le lancement de l'opération militaire spéciale russe en Ukraine fin février. Le ministère russe n'a pas précisé si les bombardements sur cette ville avaient été menés vendredi ou samedi. Il a par ailleurs affirmé que «plus de 300 militaires ukrainiens et mercenaires étrangers, ainsi que 35 armes lourdes ont été détruits en l'espace d'un jour à Mykolaïv», dans le sud de l'Ukraine. La Russie qualifie de mercenaires tous les volontaires étrangers qui vont combattre au sein des forces ukrainiennes. En avril, le ministère russe de la Défense avait affirmé qu'une trentaine de mercenaires polonais avaient été tués dans la région de Kharkiv (nord-est de l'Ukraine). L'offensive russe se poursuivait, hier, en Ukraine où des missiles ont été tirés depuis le Bélarus, allié de Moscou, alors que le conflit entre dans son cinquième mois. Kiev a fustigé les condamnations de Moscou à propos du feu vert donné jeudi par les 27 pays de l'Union européenne à la candidature ukrainienne. L'aide à l'Ukraine figure au menu d'un sommet du G7 qui s'ouvre aujourd'hui en Allemagne, avant celui de l'Otan pendant deux jours à partir de mardi à Madrid. La veille, Moscou avait dénoncé un «accaparement géopolitique» de l'espace de la Communauté des Etats Indépendants (CEI rassemblant plusieurs pays d'ex-URSS) pour «contenir la Russie», assurant que «cette approche agressive de l'Union européenne a le potentiel de créer de nouveaux schismes et de nouvelles crises bien plus profondes en Europe». Kiev a également accusé Moscou de vouloir «attirer» Minsk «dans la guerre» après le tir, selon l'armée ukrainienne, de vingt missiles depuis le sol du Bélarus et par avions visant le village de Desna, dans la région frontalière de Tcherniguiv (nord de l'Ukraine) hier vers 05h00 locales, sans faire de victimes. À Kharkiv (nord-est), deuxième ville, les missiles s'abattent à nouveau quotidiennement sur le centre-ville. Dans la nuit de vendredi à samedi, l'un d'eux a touché un bâtiment administratif. Dans l'est, l'armée russe poursuit sa progression avec la prise de la ville de Severodonetsk, étape cruciale pour Moscou qui veut conquérir tout le bassin industriel du Donbass déjà partiellement sous contrôle de séparatistes pro russes depuis 2014. Les Russes gagnent du terrain près de Lyssytchansk, ville voisine de Severodonetsk juste de l'autre côté de la rivière Donets et autre cible d'importance pour Moscou. L'Ukraine ne cesse de réclamer davantage d'armes lourdes pour contrer la puissance de frappe russe, particulièrement dans le Donbass. Les forces ukrainiennes «sont en train d'opérer un retrait professionnel et tactique afin de consolider des positions qu'elles seront mieux à même de défendre», a de son côté affirmé un responsable américain au Pentagone, sous couvert d'anonymat.