Manifestations et grèves sont le lot quotidien de la société marocaine, confrontée à une inflation record, depuis la fermeture du gazoduc Maghreb-Europe. Effet domino oblige, la disparition du gaz algérien a amené le gouvernement à en importer au prix actuel du marché. Cette dépense supplémentaire en amont s'est répercutée en aval sur l'ensemble des produits de consommation, ainsi que sur les services qui sont devenus hors de prix. Cette situation qui est venue se greffer à la colère populaire provoquée par la normalisation avec Israël et l'inquiétude que suscite l'absence du monarque, a mis la société dans un état de fébrilité sans précédent. Ainsi, la population a vu son niveau de vie sérieusement dégringoler et son moral tomber au plus bas. Face aux grandes difficultés que traverse son pays, le Premier ministre et homme d'affaires, Aziz Akhannouch, semble n'avoir aucune alternative à proposer aux Marocains. La flambée des prix du carburant, de la semoule, de la farine et bien d'autres produits de large consommation n'a pas été traitée par le gouvernement. Incapable de produire la moindre proposition susceptible de satisfaire la population, Akhannouch garde les yeux rivés sur les intrigues de Palais et tente d'y avoir un rôle. Les Marocains quant à eux, terrifiés par un avenir incertain dans un pays aux ordres d'Israël trouvent difficilement les moyens de leur subsistance. En tout cas, le point commun entre le peuple et ses gouvernants est cette fascination d'assister à la fin d'un cycle, celui de Mohammed VI dans un contexte chaotique tant au plan social, économique que politique. En tout cas, la seule initiative politique a consisté en la création d'un hashtag «Akhannouch dégage». Cette cyberinitiative a trouvé un prolongement dans la vraie vie, puisque le Premier ministre a été carrément chassé par le public à Agadir. Il y a été pour assister au festival de la ville. Cette violence présage d'une explosion sociale de grande ampleur. Et pour cause, les Marocains estiment que la présence du Premier ministre à une soirée culturelle au moment où le pays est sens dessus dessous est une provocation. Il faut savoir que le hashtag «Akhannouch dégage» a atteint plus de 7000 retweets. Et environ 200000 Marocains, entre politiciens, économistes, travailleurs, journalistes et influenceurs ont posté le hashtag sur Facebook, 24 heures après le début de la campagne, en signe de protestation contre le gouvernement. Ces signaux de grande colère sont accueillis par le Makhzen avec une répression sans précédent des actions initiées par les acteurs politiques et sociaux du Maroc. Ainsi, des militants sont systématiquement brutalisés par les services de sécurité à l'occasion de chaque rassemblement, quelle qu'en soit la raison. Le gouvernement d'hommes d'affaires semble totalement coupé des réalités marocaines et donne la nette impression de n'accorder aucune attention au peuple. Le roi qui, aux yeux des Marocains aurait pu camper le rôle d'arbitre, est absent. Un facteur aggravant l'angoisse d'une population qui garde encore en souvenir le Hirak du Rif qui a débouché sur des condamnations de plus de 20 ans de prison contre des dizaines de militants. Mais cette crainte peut ne rien vouloir dire à un peuple qui se voit s'enfoncer dans la misère, sans aucune chance d'en sortir. Le coup de gueule contre l'homme d'affaires Aziz Akhannouch dit que la coupe est pleine.