Arrivé, hier, à Damas, dans le cadre d'une visite de travail de deux jours, Ramtane Lamamra aura des entretiens avec son homologue syrien. Il sera, bien entendu, reçu par le président Bachar El Assad. Le séjour syrien du chef de la diplomatie algérienne, qui vient renouer des traditions de contacts entre les deux Etats, intervient également, deux semaines après la visite à Alger de Faiçal Al-Meqdad, ministre syrien des Affaires étrangères, représentant son pays aux festivités de la célébration du 60e anniversaire de l'indépendance. Plantant ainsi le décor de «retrouvailles» entre deux nations qui se connaissent parfaitement, Lamamra endosse la qualité d'envoyé spécial du président Tebboune. Ce qui élève l'importance de sa mission dans un pays cher aux Algériens. Le drame qu'a traversé la Syrie, presque totalement détruite par des hordes de terroristes aux ordres de l'Otan, n'a pas laissé de marbre les Algériens qui, d'une manière ou d'une autre, ont apporté leur soutien au peuple martyr, en accueillant des dizaines de milliers de familles qui avaient choisi l'Algérie comme refuge. Il faut dire qu'entre l'Algérie et la Syrie, il y a le fondateur de l'Etat algérien, l'Emir Abdelkader, qui y a vécu avec sa famille et ses compagnons. Il fut très bien reçu et sa descendance a pris la nationalité syrienne, sans rien renier de ses origines algériennes. C'est dire qu'entre ce pays qui fut l'un des premiers soutiens de la révolution d'indépendance, et l'Algérie, il existe des liens très forts. Des liens qui unissent les deux Etats dans leur lutte contre le régime sioniste d'Israël. Cette particularité algéro-syrienne explique la détermination d'Alger de défendre le retour de la Syrie à la Ligue des Etats arabes. C'est, d'ailleurs, avec la Palestine, un point central de l'ordre du jour du prochain sommet arabe d'Alger, prévu le 1er novembre prochain. Avant-hier, le ministre des Affaires étrangères était en Irak où il effectuait une visite en qualité d'envoyé spécial du président de la République. Reçu par le président et le Premier ministre irakiens, le chef de la diplomatie algérienne était porteur d'un message écrit du président Tebboune au chef de l'Etat irakien, Barham Salih. Il y exprimait «sa volonté de poursuivre le processus de renforcement des relations fraternelles et historiques qui unissent les deux pays frères et de soutenir mutuellement leurs sécurité et stabilité». Le président Salih a souligné l'engagement de son pays «à contribuer qualitativement au succès du sommet arabe, prévu à Alger avec un ordre du jour constructif et inclusif à même d'ouvrir de larges perspectives à l'action arabe commune», a rapporté un communiqué du ministère des Affaires étrangères, mettant ainsi en exergue, une réelle tendance, parmi les chefs d'Etat arabes, à vouloir recréer l'unité entre des Etats, aujourd'hui, divisés plus que jamais à cause du processus de normalisation avec Israël d'un côté et des conflits entre les pays, empêchant toute intégration régionale digne de ce nom. L'objectif assumé par Alger est de parvenir à trouver un dénominateur commun entre l'ensemble des Etats arabes sur des questions fondamentales, la Palestine et la Syrie. Partant d'un consensus solidaire avec ces deux causes, les Arabes sont en mesure «de relever les défis communs actuels dans divers domaines», soutient la même source, sachant qu'en la matière, il n'existe pas de problème de moyens matériels. L'argumentaire de l'Algérie tient parfaitement la route et le discours de son ministre des Affaires étrangères arrive à convaincre de nombreux chefs d'Etat. L'on veut pour preuve l'adhésion du Liban, du Koweït, de l'Irak, de la Tunisie et de la Syrie. Il reste cependant, que la liste des Etats arabes est encore longue et le travail diplomatique à abattre d'ici au premier novembre promet d'être colossal. Mais compte tenu de la nouvelle donne géopolitique annoncée par la guerre en Ukraine, le nouveau positionnement de certains poids lourds de la Ligue arabe et le poids stratégique que prend l'Algérie dans la région, il est permis de croire à une évolution en faveur de la thèse algérienne qui défend les intérêts supérieurs de la nation arabe et oeuvre «en faveur du droit légitime du peuple palestinien à l'établissement de son Etat indépendant avec El-Qods pour capitale», comme le rappelle si justement le communiqué des AE.