Aucun responsable ne se sent «ergonomiquement» assis dans son fauteuil. Les officiers supérieurs de l'ANP, les ministres, les walis, les directeurs centraux, les chefs de daïra, les secrétaires généraux, les directeurs généraux des entreprises publiques sont en «ébullition». Ils seront concernés par les mouvements que s'apprête à opérer le président de la République dans les prochains jours. Des sources crédibles indiquent que le chef suprême des armées et ministre de la Défense, le président Abdelaziz Bouteflika, mettra en retraite plus d'une centaine d'officiers supérieurs de l'armée nationale populaire. Ces mises en retraite seront évidemment suivies par des promotions de jeunes officiers de l'armée. Depuis son accession à la tête de l'Etat en 1999 et sa réélection en avril 2004, le président Bouteflika a affiché une ferme volonté de professionnaliser l'armée. Aussi, cette mise à la retraite de hauts gradés et la promotion d'hommes neufs qui sont loin des stéréotypes faisant de tout officier supérieur de l'armée «un homme corrompu», va dans cet esprit du renouveau et de la professionnalisation de l'ANP. Durant ce chamboulement d'été, il n'y pas que l'institution militaire qui sera concernée. Les collectivités locales et, probablement, le gouvernement feront partie du mouvement qui sera initié par M.Bouteflika. En effet, ce mouvement est attendu après la période des congés, soit juste à la prochaine rentrée sociale. Selon le confrère arabophone Al Khabar, la chefferie du gouvernement a déjà accordé les journées de congé à ces commis de l'Etat. La durée du repos annuel s'étale entre deux et quatre semaines, selon le même journal. Grâce à cette mesure, les parents concernés prendront leurs dispositions, notamment par rapport à la scolarisation de leurs enfants. Mais le but essentiel de ce mouvement consiste à relancer la machine économique et à dynamiser un secteur qui a traîné le pas. On apprend ainsi que certains walis seront permutés, certains seront mis à la retraite et d'autres tout simplement remerciés. Nombreux, parmi ces derniers, seront poursuivis par la justice. Plusieurs enquête ont été diligentées par les services concernés. On croit savoir que ces enquêtes ont touché la majorité des hauts fonctionnaires de l'Etat. Il s'agit notamment des directeurs généraux, des directeurs centraux, des walis et des secrétaires généraux, notamment ceux qui activent dans des secteurs sensibles. Par ailleurs, le chef de l'Etat annoncera la nomination de nouveaux walis, pour la plupart des jeunes, qui ont montré des compétences dans plusieurs domaines. Le président a beaucoup disserté sur les défaillances de l'administration algérienne et la nécessité d'intégrer des jeunes dans des postes de responsabilité. «Ceux qui ne veulent pas travailler, ceux ne veulent pas assumer la responsabilité, qu'ils partent. Nous avons des jeunes et des compétences capables de relever le défi et d'assumer la responsabilité», s'est adressé le président de la République, aux commis de l'Etat, dans le discours qu'il a prononcé la semaine dernière lors de la rencontre gouvernement-walis qui s'est déroulée au Palais des nations. C'est un véritable chamboulement d'été. Aucun de ces responsables ne se sent «ergonomiquement» assis dans son fauteuil. Face à ces chamboulements d'été, c'est l'alerte rouge. Pour le président Bouteflika, seules trois valeurs sont immuables: «l'hymne national, le sceau de la République et l'emblème national». Le reste, tous le reste est sujet à la dynamique des permutations, des mutations et des mouvements et même des mises à des fins de fonctions.