On se préparait à entendre des dissertations de haute facture sur le terrorisme... C'est-à-dire sur le phénomène politico-théologique le plus controversé du XXe siècle, et le plus captivant de ce début du troisième millénaire. Il n'en fut rien. Souvent, c'est l'émotivité des femmes touchées dans leur chair, l'affectivité débordante des associations nées de cris et de douleurs et les pathétiques accents des intervenants espagnols, irlandais et français qui ont pris le pas sur la dissection de ce phénomène des temps modernes. La Fédération internationale des associations victimes du terrorisme (Fiavt) n'est pas à blâmer pour autant. Le sujet est un fait social de « terrain » presque incompréhensible, puisque insaisissable, invisible, car illisible. Voilà pour le crédit de la Fiavt. Mais le débat aurait, tout au moins, pu être relevé avec des intervenants d'un autre poids. Les participants, composés des associations algériennes Onvt, Djazaïrouna, Somoud, etc. en plus des sections espagnoles, françaises et irlandaises (pays qui ont vécu le terrorisme), des personnalités intellectuelles, tels Antoine Sfeir, rédacteur en chef des Cahiers de l'Orient, Ahmed Hamrouche, égyptien, grand connaisseur de la mouvance islamiste, etc. devaient, en principe, rehausser le débat en l'orientant vers des questions de fond et non en se limitant à une vision stéréotypée. Jugez-en: «(...) femmes mutilées au détour d'une déflagration (...) ce cri, cette rage (...) que d'espoirs volés, que d'espérances envolées (...) nous avons subi cette fureur...». Bien sûr, il y a eu la dissertation lumineuse de l'Egyptien Ahmed Hamrouche, sur le début du terrorisme, version Confrérie des Frères musulmans. Mais, dite dans un pur style d'historiographe, elle se coupait affreusement de l'«actualité vivante et en mouvement». Les thèmes retenus pour le premier jour étaient aussi importants que «Les racines du terrorisme», «Le terrorisme et l'information», «La contribution de la société civile dans la lutte contre le terrorisme», «La nouvelle vision de la lutte antiterroriste après le 11 septembre» etc. Thèmes éminemment stratégiques, mais qui n'ont pas été suffisamment traités. La réunion de tout ce beau monde a failli tomber dans les mondanités et les subtilités diplomatiques, malgré la bonhomie et le sérieux de Mmes Benhabylès et Flici. En fait, il y a une chose qui est essentielle dans ce genre de colloque, c'est que surtout, et d'abord, savoir comment élever le débat. La platitude des sujets et le simplisme des dissertations ont eu un bien mauvais effet.