Après deux journées de protesta, la situation restait hier très tendue. Les observateurs craignaient même une recrudescence des violences suite à la présentation devant le juge de personnes arrêtées. Un mort, un jeune atteint par un caillou à la tête, une vingtaine de blessés et autant d'arrestations et plusieurs édifices saccagés. D'autres informations font état d'un second mort, un quadragénaire asphyxié par une bombe lacrymogène. Tel est le bilan de la protesta populaire qui a secoué la ville de Ksar Chellala distante de quelque 120 km du chef-lieu de la wilaya, Tiaret. Cette petite localité, fief de nationalistes à l'image de Messali Hadj et Saâd Dahleb, qui a été le théâtre d'émeutes, a vécu une début de semaine sanglant. La cause apparente n'est autre que l'interruption de la retransmission d'un match de football entrant dans le cadre des quarts de finale du Mondial allemand ayant opposé l'Allemagne à l'Argentine en raison d'une coupure d'électricité. Pourtant cette coupure n'aurait duré qu'un quart d'heure selon les informations fournies par le directeur général de Sonelgaz. Pour manifester leur colère, les jeunes de la ville ont alors barré toutes les ruelles à l'aide de troncs d'arbres, pneus brûlés et pierres. L'absence des autorités et l'arrivée des renforts des éléments de la Sûreté nationale n'ont fait qu'attiser la colère des jeunes manifestants qui s'en sont pris alors aux édifices publics, incendiant notamment les sièges de la daïra et de la commune. Il y a lieu de signaler que l'arrêt de la retransmission de la rencontre n'est que la goutte qui a fait déborder le vase du fait que, selon les habitants, ces coupures d'électricité sont légion dans la région. Certes, ces explosions de violence ne résoudront rien et ce n'est guère une solution que de s'en prendre aux équipements urbains ou aux biens individuels de ses concitoyens tout autant concernés par les difficultés économiques et sociales. Néanmoins, les autorités compétentes sont interpellées pour résoudre les problèmes cruciaux auxquels sont perpétuellement confrontés les jeunes. Ces problèmes, absence d'éclairage public au niveau de plusieurs quartiers, pénurie d'eau potable, coupures fréquentes du courant électrique, entre autres, auxquels est confrontée la population ont été déjà exposés aux autorités locales qui avaient promis de les prendre en charge dans les meilleurs délais, mais en vain. Et aujourd'hui, la commune paie cash les conséquences. L'autre grief retenu à l'encontre des responsables locaux a trait à l'emblème national bafoué et déchiré qui flotte sur le siège de la daïra. En outre la gestion des affaires publiques au niveau de Ksar Chellala a été auparavant pointée du doigt. Pour information, il est à rappeler que des élus de l'APC ont été traduits devant la justice le mois passé. Il est reproché à l'ex-maire et seize autres personnes, entre élus et entrepreneurs, la dilapidation de biens publics, après avoir été suspendu par le wali. Cette mauvaise gestion des biens collectifs avait fait jaser la population qui était sortie manifester, l'été 2004, sa colère. Certes, ces problèmes ne sont pas spécifiques à Ksar Chellala mais il est urgent pour les autorités compétentes de réfléchir sérieusement à une prise en charge effective. Dans le cas contraire, d'autres émeutes risquent d'éclater et de raviver d'autres brasiers mal éteints.