La France a autorisé les ex-terroristes de l'OAS à se recueillir le 5 juillet sous l'Arc de triomphe. Des nostalgiques de l'OAS et des partisans de l'Algérie française ont obtenu l'autorisation de raviver la flamme sous l'Arc de triomphe pour honorer «les victimes du triste anniversaire du 5 juillet 1962». Cette information a été rapportée hier par le journal français L'Humanité. C'est la déroute qui risque de se produire le 5 juillet, au moment où, en Algérie, le peuple attendait les excuses officielles pour les crimes de guerre français. Durant les années écoulées, ce même rendez-vous se tient le 5 juillet devant la statue du maréchal Lyautey, près de l'Ecole militaire, à Paris. Cette fois, l'Association des anciens du lycée Lamoricère d'Oran (Allo), organisatrice avec l'Adimad et d'autres associations fidèles au terrorisme de l'OAS et à l'idée de l'Algérie française, ont pu avoir, sans le moindre problème, l'autorisation de se recueillir sur la tombe du Soldat inconnu, sous l'Arc de triomphe. Une autre dérive des instances officielles françaises. Mais, en toile de fond, d'une affaire qui fait un bruit de stentor, se cache une autre interrogation. Ce travail de lobby sert-il des intérêts politiques et/ou obéit-il aux calculs de certains prête-noms qui préfèrent observer de loin? Pis encore, l'on a évoqué également, selon la même information, la possibilité de participation d'élus Ump à cette cérémonie de la honte. Ce n'est pas tout, puisque les mots d'ordre de cette manifestation sont teintés d'esprit purement colonial. Le président de l'Association de défense des intérêts moraux des anciens détenus (adimad), «vitrine légale des ex-terroristes et de leurs soutiens», avait déclaré le 16 mai dernier: «nos camarades ont été assassinés par la ténébreuse alliance des tueurs du FLN et de de Gaulle Charles, servi par une bande d'affidés, de nervis, de barbouzes». Un pays qui se réclame du droit et qui condamne les discours de haine et de racisme ne doit pas observer le silence devant une telle dérive. Pour ne citer que ce discours, l'autorisation de faire connaître au large public français une telle cérémonie démontre que les autorités françaises soutiennent l'initiative des sanguinaires de l'OAS. L'affaire suscite, d'ores et déjà la polémique, au stade de pourrissement, notamment sur la question de «génocide identitaire» commis par la France coloniale en Algérie. Cela intervient au moment où la France officielle n'arrive toujours pas à admettre l'option de repentance et les excuses réclamées par l'Algérie. Le séisme politique qu'a provoqué la loi du 23 février 2005, faisant l'apologie du colonialisme, continue de mettre la France dans une position de fragilité diplomatique. Par ailleurs, la France, par la voix de son chef de la diplomatie, se contente, en dépit de tous les incidents et des rappels à l'ordre d'Alger, «de conserver l'objectif de conclure le traité d'amitié». Quoi qu'il en soit, Alger avait conditionné la signature du traité d'amitié entre les deux pays, objectif cher pour le Quai d'Orsay, par des excuses officielles de la France aux Algériens. Et voilà qu'après quelques jours seulement de la dernière sortie du président Bouteflika, qualifiant la colonisation française en Algérie (1830-1962) «des formes de colonisation les plus barbares de l'Histoire», la France, non seulement refuse de se repentir et reconnaître ses crimes de guerre perpétrés en Algérie, mais autorise les discours de haine de la part des ex-terroristes de l'OAS. Cela va se produire le 5 juillet sous l'Arc de triomphe, une date chère pour le peuple algérien. Cela dit, la France opte pour la solution qui l'arrange, mais qui met à nouveau les rapports entre les deux pays sur le fil du rasoir.