Réagissant jeudi à l'initiative du ministre malien des AE, Abdoulaye Diop, qui a transmis une lettre au Conseil de sécurité de l'ONU, présidé actuellement par la Chine, afin de dénoncer une double activité d'espionnage et de noyautage de groupes terroristes dans son pays qu'il attribue à la France, Paris a «condamné la multiplication, selon elle, des manipulations de l'information», laissant entendre de manière implicite qu'elle usera de son droit de veto pour barrer la route à toute convocation d'une réunion d'urgence réclamée par Bamako suite aux «actes d'agression». Le gouvernement malien de transition, conduit par le colonel Assimi Goïta, reproche à la France des violations de son espace de souveraineté, ainsi que le soutien apporté, affirme-t-il aux groupes terroristes et à des activités d'espionnage. Bamako demande au Conseil de sécurité d'intervenir pour faire «cesser immédiatement» ces actes d'agression caractérisée tout en soulignant par la même circonstance qu'il «se réserve le droit de faire usage de la légitime défense» pour peu que les «agissements» de l'armée française, retirée hors du Mali voici quatre jours à peine mais encore fortement présente dans la région du Sahel et notamment au Niger, pays voisin, persistent. En cela, les dirigeants maliens arguent des dispositions de la Charte des Nations unies qui confèrent une telle légitimité. La réaction française est venue du porte- parole adjoint du MAE qui, dans un point de presse, a balayé les accusations de Bamako, non sans souligner une condamnation de «la multiplication des manipulations de l'information qui ne doivent aucunement détourner l'attention de la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays dont les populations sont les premières victimes». Pour étayer la justesse de son propos, le porte-parole adjoint François Delmas ajoutait que «le retrait de la force Barkhane du Mali est effectif depuis le 15 août dernier et a été effectué en toute transparence avec les forces armées maliennes et les partenaires engagés à nos côtés». Comme il a insisté sur le fait que «la France poursuivra sans relâche le combat contre le terrorisme au Sahel et en Afrique de l'Ouest, en soutien des efforts politiques, civils et militaires de la CEDEAO et des Etats de la région, en pleine coordination avec ses partenaires européens et américain engagés». Traduits en clairs, ses propos mettent en évidence la forte dégradation des rapports entre Paris et Bamako et situent l'envergure des griefs réciproques ainsi que la détermination française à demeurer, bon gré mal gré, sur le champ sahélien au motif d'une lutte contre les groupes terroristes qui dure depuis près d'une décennie et dont les résultats sont, de l'avis de la majorité des observateurs comme des experts, plutôt insignifiants. Même après avoir transféré toutes ses bases au Mali dont la toute dernière fut celle de Gao, lundi passé, Barkhane a une mission première qui fait fi aussi bien de la contestation des populations mécontentes que de la gêne grandissante des Etats de la région.