Double actualité pour le marché de l'énergie. Les cours de l'or noir ont carrément flanché, hier, alors que les prix du gaz ont explosé après que Moscou a annoncé la fermeture du gazoduc Nord Stream 1 entre le 31 août et le 2 septembre. À la mi-journée, le TTF néerlandais, référence du marché européen du gaz naturel, s'échangeait à 280 euros le mégawattheure (MWh), en hausse de près de 14%. Il avait atteint un peu plus tôt près de 293 euros. Un niveau plus vu depuis les séances très volatiles des premières semaines, vers la mi-mars, du conflit armé russo-ukrainien. Le géant gazier russe Gazprom avait annoncé vendredi que ses livraisons de gaz russe à l'Europe par le gazoduc Nord Stream1 seraient interrompues pendant trois jours, du 31 août au 2 septembre, pour des raisons de «maintenance». Une «tentative évidente d'exploiter la dépendance de l'Europe au gaz russe», relève Ludwig Möhring, directeur de l'Association des producteurs allemands de pétrole, gaz et de la géothermie (Bveg). Ce qui avait plutôt tendance à soutenir les prix du pétrole qui avaient terminé la semaine qui s'est achevée le 19 août sur trois séances de hausse consécutive. Les cours ont notamment été soutenus par l'annonce de la suspension temporaire des livraisons de gaz à l'Europe via le gazoduc Nord Stream 1 par le géant russe Gazprom, du 31 août au 2 septembre, officiellement pour maintenance, avait indiqué Matt Smith, analyste de Kepler. Une musique qui s'est pourtant brutalement interrompue, hier. À 15h00, le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en octobre reculait de 4,13 dollars affichant 92,59 dollars. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain pour livraison en septembre, dont c'est le dernier jour de cotation, baissait quant à lui de 3,91 dollars à 86,86 dollars. Pas de cause à effet vraisemblablement entre l'interruption des livraisons de gaz russe à l'Europe par le biais du gazoduc Nord Stream 1 et ce nouvel affaissement des prix du baril de pétrole. Les raisons sont ailleurs. Où se situent-elles? «Un vieil ennemi est de retour», souligne Stephen Brennock, analyste pour PVM Energy faisant remarquer qu'après avoir été sur la sellette pendant près d'un mois, le dollar américain est de nouveau en hausse, pesant ainsi sur le pouvoir d'achat des investisseurs utilisant d'autres devises. «Si cette hausse du dollar se poursuit sur la fin d'année, elle pourrait plafonner les prix du Brut», souligne l'analyste. Les cours de l'or noir demeurent aussi sous la menace d'une demande mondiale qui pourrait s'avérer moins accrue qu'annoncée. La crise énergétique actuelle «n'a pas réussi à dissiper les craintes persistantes d'une récession qui affecterait la demande», estime Stephen Brennock. Et c'est pourtant de ce côté-là que le coup de pouce était attendu pour relancer la hausse des prix. La demande mondiale a en effet été annoncée, le 11 août à la hausse par l'Agence internationale de l'énergie. L'augmentation de la demande pétrolière a été revue en hausse de 380000 barils par jour et devrait ainsi être de 2,1 millions de barils par jour sur l'ensemble de cette année, avait indiqué le «bras amé énergétique» des pays de l'Ocde dans son rapport mensuel. L'organisation des pays exportateurs de pétrole demeure elle aussi confiante et croit en la solidité de l'économie de la Chine, premier importateur mondial de Brut pour booster la demande. «La Chine est une source phénoménale de croissance», a assuré, le 17 août, son secrétaire général lors d'une interview avec Bloomberg TV. «Nous n'avons pas encore vu la rouvrir à cause de sa politique de zéro-Covid. Je pense que cela aura un effet marquant quand la Chine reprendra à son rythme normal», a ajouté Haitham Al-Ghais. Wait and see...