Dans un étrange discours prononcé le 20 août dernier, le roi Mohammed VI avait sommé les pays partenaires du royaume marocain de «clarifier leur position» sur le conflit du Sahara occidental, c'est- à- dire d'adopter bon gré mal gré la thèse du Makhzen sur une autonomie factice sous souveraineté marocaine que rejettent aussi bien le peuple sahraoui, fort de son droit inaliénable à l'autodétermination, que la communauté internationale qui a tranché en faveur de la tenue du référendum afférent. Cette sortie intempestive du roi, par ailleurs indifférent à la situation critique de la société marocaine confrontée à une crise socio-économique aiguë et rejetant avec force la normalisation imposée au profit de l'entité sioniste a aussitôt provoqué la réaction du haut représentant de la diplomatie européenne, Josep Borrell. Celui-ci a infligé un nouveau camouflet à Mohammed VI en rappelant, une fois de plus, que l'organisation régionale demeure encore et toujours mobilisée pour la solution onusienne de négociations permettant au peuple sahraoui de choisir librement son destin. Ce n'est pas la première fois qu'une telle réponse, limpide et sans appel, est donnée aux vaines tentatives du roi Mohammed VI de forcer la main aux «partenaires», soit par des promesses latentes de contrats mirobolants soit par des menaces et un chantage quasi explicite. Poursuivant une fuite en avant stérile et désespérée, le Makhzen multiplie les suppliques pour convaincre des «partenaires» de s'aligner sur la décision de l'ancien président américain Donald Trump, reconnaissant la prétendue marocanité du Sahara occidental en contrepartie d'une normalisation vassalisant le royaume au profit de l'Etat hébreu et de ses ambitions expansionnistes dans la région sahélo-maghrébine. Aussi, sa quête de soutiens affichés dans le dossier du Sahara occidental commence-t-elle à irriter passablement nombre de capitales, comme en témoignent les récentes déclarations de deux ministres espagnols assurant que la position de Madrid est toujours conforme à la légalité internationale et aux objectifs tracés par les Nations unies. Auquel cas la «mystérieuse» volte-face du Premier ministre Pedro Sanchez ne sera plus, dans quelques mois, qu'une déplorable concession au chantage que pratique le royaume marocain en matière de migrants. Il en va de même pour l'Allemagne dont Mohammed VI avait laissé entendre, dans ce discours impromptu du 20 août qui sentait fort la crainte d'une mise à nu, que Berlin avait rejoint Pedro Sanchez et l'administration caduque de Donald Trump. Là encore, la réplique n'a pas tardé pour souligner la position intangible en faveur des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui prônent la tenue d'un référendum d'autodétermination auquel le royaume tente, par tous les moyens dilatoires, d'échapper. Mais le soutien à la démarche onusienne reste de mise et les agitations forcenées du Makhzen ne sont qu'une preuve de son refus d'honorer ses propres engagements, comme en témoigne l'empêchement de Staffan de Mistura à visiter les territoires sahraouis illégalement occupés, énième affront aux envoyés spéciaux du secrétaire général de l'ONU.