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Les gestes «mémoriels» de Macron
Commission mixte et accès aux archives
Publié dans L'Expression le 27 - 08 - 2022

Les questions mémorielles continuent de tourmenter les relations entre l'Algérie et la France. En visite de travail en Algérie, le président français a déclaré vouloir «regarder l'histoire en face...», et que face au choix de la «fierté et la repentance», il opposerait «la vérité et la reconnaissance», récusant au passage «toute repentance». En marge de sa visite au cimetière chrétien Saint-Eugène à Bologhine où il s'est recueilli sur les tombes de Roger Hanin entre autres, Emmanuel Macron est revenu sur le dossier de la mémoire qui fâche toujours des deux côtés de la rive. Pour le président français, «C'est une histoire d'amour qui a sa part de tragique. Pour se réconcilier, il faut se fâcher», a-t-il martelé encore. C'est dire l'ampleur et la complexité de la question mémorielle, qui oppose encore les deux nations, sur fond de crises récurrentes et positions officielles versatiles. En termes clairs, la France officielle ne fera pas d'excuses officielles quant à ses crimes coloniaux en Algérie.
Néanmoins, on annonce la mise en place «d'une commission mixte d'historiens», afin de «regarder l'ensemble de cette période historique... du début de la colonisation à la guerre de libération, sans tabou, avec une volonté (...) d'accès complet à nos archives», a déclaré Macron. Ainsi, Paris accède à la demande d'Alger d'ouvrir ses archives sur la colonisation et la guerre d'Algérie. Le président français a promis l'accès à la «totalité des archives, de 1830 à 1962. La commission aura la possibilité de travailler sur tout», a-t-il encore martelé. Un pas important dans la réconciliation mémorielle, qui reste à consolider par des décisions hardies et responsables, sans faux-fuyants et sans tergiversations politico-idéologiques. Macron a également déclaré être «conforté dans l'idée que nous vivons un moment unique qui doit nous permettre de regarder en face ce passé avec beaucoup d'humilité». Le président Macron voudrait avancer dans ce chapitre, en imprégnant cette démarche par une vision nouvelle. «Présider, c'est écrire une histoire contemporaine. Cette histoire ne peut reposer sur des mensonges, des oublis, des récits qu'on opposerait l'un à l'autre», dira-t-il faisant allusion aux «massacres d'Européens à Oran en juillet 1962». Néanmoins, que représente l'événement d'une journée qui reste, cependant à authentifier, face à des atrocités de plus d'un siècle et demi? La réponse à cette question est à trouver auprès des cercles des ultras français réticents à toute normalisation. Ceux-là même qui sont derrière ces relations conflictuelles et passionnelles, marquées par des courbes en dents de scie et des lunes de miel récurrentes, mais ô combien éphémères. En effet, du côté français, la mémoire a toujours été au centre de valses récurrentes et d'un fonds de commerce politique, visiblement, très juteux pour certains cercles hostiles à l'Algérie et au rétablissement des relations bilatérales. 60 ans après l'indépendance nationale, en février 2017, la France officielle reconnaissait enfin, le «crime contre l'humanité» que constitue la colonisation en Algérie. Emmanuel Macron, est le premier président français, issu de la génération post-guerre d'Algérie, à franchir le pas usant de qualificatif nouveau et trancher au sujet de la colonisation en Algérie. mais est-ce suffisant pour autant? En vérité, rien ne saurait réparer le mal orchestré en Algérie par le colonialisme français.

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