Le locataire de l'Elysée est notamment interpellé sur la question de la colonisation que, candidat, il avait qualifiée de "crime contre l'humanité". Si comme ses deux derniers prédécesseurs, le président français Emmanuel Macron a choisi décembre pour effectuer son premier voyage officiel en Algérie, son séjour est de loin beaucoup moins solennel que ceux de Nicolas Sarkozy en 2007 et de François Hollande en 2012. Les deux anciens présidents s'étaient rendus tous les deux dans notre pays en visite d'Etat de trois jours, accompagnés de vastes délégations de ministres et d'hommes d'affaires. Ils avaient aussi, à ces occasions, prononcé des discours importants sur les relations communes et l'héritage douloureux de la colonisation. On ne sait pas si pour sa part, Emmanuel Macron aura le temps de se prêter à ce genre d'exercice, surtout que sa visite est très courte. L'on sait seulement qu'il rencontrera le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, et le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Il s'adonnera à un bain de foule au centre de la capitale, et animera, dans l'après-midi, une conférence de presse. Après sa journée à Alger, l'actuel locataire du Palais de l'Elysée s'envolera pour le Qatar où il doit effectuer une visite officielle. Son escale algérienne est décrite comme "une visite de travail et d'amitié". Il avait lui-même annoncé ce déplacement à la mi-novembre. Certains se demandent d'ailleurs s'il n'a pas mis les autorités algériennes devant le fait accompli en avançant publiquement la date d'une visite constamment différée depuis son élection en mai dernier. Macron avait envisagé de se rendre en Algérie, quelques semaines après son arrivée à l'Elysée. Il a fallu ensuite convenir d'une date avec Alger. Ce qui a tardé en raison vraisemblablement de la santé fragile du président Abdelaziz Bouteflika. La question étant maintenant réglée, on ne sait pas vraiment ce que le chef d'Etat français va apporter dans ses bagages. Macron est attendu sur la question de la mémoire, notamment. C'est à Alger, en février 2017, que le candidat Macron avait qualifié la colonisation de crime contre l'humanité. Au cours de son séjour la semaine dernière en Afrique, il est revenu sur le sujet en prônant "une réconciliation des mémoires". "J'ai souvent dit : ni déni ni repentance. Il faut regarder les choses en face, c'est notre histoire commune", a-t-il, par ailleurs, affirmé, appelant à "regarder de manière très dépassionnée" la période de la colonisation. "Si nous, nous restons piégés par l'histoire, elle, elle est sans fin", a conclu Emmanuel Macron. Entre la France et l'Algérie, des contentieux coloniaux existent pourtant bel et bien. Sous le mandat de François Hollande, des dossiers avaient été ouverts (victimes des essais nucléaires français, disparus, archives de guerre...). Mais ils n'ont pas été assainis. Il y a aussi les différents massacres (17 Octobre 1961, 8 Mai 1945) dont l'Etat français n'a pas pris la pleine mesure. Interpellé à leurs sujets, tout comme ses prédécesseurs, M. Macron n'a pas fait le moindre commentaire. Attentifs à ce qu'il dira en Algérie, les médias français évoquent tous le sujet qui fâche, celui de la mémoire, qui est "hautement inflammable", selon le magazine Marianne. De son côté, la chaîne d'information continue BFM TV parle d'une "visite risquée". De Paris : Samia Lokmane-khelil