Le président de la République a procédé à un remaniement ministériel qui a touché pas moins de neuf départements. Jeudi, en fin d'après-midi, tous les regards étaient braqués sur le palais d'El Mouradia, où une importante annonce allait produire le chamboulement tant attendu par les médias, les observateurs de la scène politique et autres partis politiques. Dépêchés au palais d'El Mouradia, où le porte-parole de la présidence Samir Aggoune était attendu pour annoncer le remaniement. Les chaînes de télévision et autres journalistes des différents supports publics accouraient, sur les lieux, par intermittence. Les formalités d'enregistrement et autres mesures de sécurité, font languir les hommes et les femmes de la presse nationale, mais l'attente en vaut la chandelle. Au bout de quelques minutes, une fois les caméras en place, Samir Aggoune peut procéder au communiqué, au demeurant très attendu et guetté par les médias et l'opinion publique. Sur les visages des présents, on pouvait lire ces expressions mitigées, étant donné les folles rumeurs et les supputations qui ont accompagné, des mois durant, cette annonce. En effet, le remaniement ministériel avait été annoncé par le président de la République, il y a de cela plus de six mois, à l'occasion de l'une de ses rencontres périodiques avec la presse nationale. Il est à souligner que ce remaniement a produit une diminution du nombre de ministères et la disparition des ministères-délégués, consacrant, ainsi, une fusion entre plusieurs autres. C'est la nouveauté relevée dans ce remaniement. L'on notera également la promotion d'un ministre délégué au rang de ministre. Il s'agit de Yacine El Mahdi Oualid, qui est désormais ministre de l'économie de la connaissance, des Start-up et des Microentreprises. En revanche, le ministère de la Transition énergétique et des Energies renouvelables, géré par le professeur Ziane Benattou, n'existe plus. Ce département, qui avait amorcé le balbutiement des ENR, devra fusionner avec le ministère de l'Environnement, sous la coupe de Samia Moualfi. Le ministère délégué chargé des microentreprises, qui était sous la coupe de Nassim Diafat, a également fusionné avec le ministère géré par Yacine El Mahdi Oualid. Quant au ministère des Ressources en eau, il devra se réunir avec celui des Travaux publics, avec la mention: hydraulique, seulement. Ainsi, Ziane Benattou, Kamel Nasri et Nassim Diafat quittent le gouvernement après un exercice de plus d'une année au sein de la formation de Benabderrahmane. Ils ne sont pas les seuls à faire les frais de ce réajustement. Le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Abdelbaki Benziane, celui des Ressources en eau et de la Sécurité hydrique, Karim Hasni et le ministre de l'Industrie pharmaceutique Abderrahmane Lotfi Djamel Benbahmad ont été remerciés, tandis que le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid est appelé à d'autres fonctions. Au poste de ministre des Transports, on notera la nomination de Kamel Beldjoud, qui cède sa place, au ministère de l'intérieur, à l'ex-médiateur de la République, Brahim Merad. Abdellah Moundji, qui occupait le poste de ministre des Transports est, désormais, nommé secrétaire général de la présidence de la République. Outre Brahim Merad, les nouveaux visages ayant intégré le gouvernement Benabderrahmane sont: Lakhdar Rakhroukh, aux Travaux publics, Kamel Bidari à l'Enseignement supérieur, Ali Aoun à l'Industrie pharmaceutique et Abdelhak Saïhi au ministère de la Santé. Il faut dire que le changement, qui vient d'être entériné, ne reflète pas le gonflement des jeux de coulisses, qui l'ont accompagné des mois durant, d'autant plus que ce remaniement annoncé, la première fois, en avril 2022, par le président Tebboune, lors d'une rencontre avec les représentants de la presse nationale, a tenu en haleine autant l'opinion publique, que la presse et le monde politique national. Brahim Merad, ministre de l'Intérieur L'ennemi des bureaucrates C'est l'un des hommes de confiance du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Dès qu'il a été élu à la tête du pays, le chef de l'Etat l'a pris à ses côtés en tant que conseiller. Il lui a confié le délicat dossier des zones d'ombre, le premier grand défi que le président Tebboune s'est fixé. C'était une priorité sans laquelle, on ne pouvait pas édifier l'Algérie nouvelle. C'est alors qu'il a jeté son dévolu sur cet homme de terrain qu'est Brahim Merad. Ce dernier n'a pas déçu. En quelques mois, ces zones d'ombre ont été recensées. Les habitants qui y vivent également. Un plan spécial, toujours en cours, a été décidé afin de les prendre en charge. Les choses étant sur la bonne voie, Abdelmadjid Tebboune s'est attaqué à sa deuxième priorité, à savoir la lutte contre le monstre de la bureaucratie. Pour ce faire, le chef de l'Etat a nommé Brahim Mered en tant que Médiateur de la République du fait qu'il connaît bien les rouages de l'administration algérienne. Lakhdar Rekhroukh, ministre des Travaux publics Un manager en «béton» Lakhdar Rekhroukh n'est pas inconnu au bataillon. Il est l'exemple même des managers du secteur public qui réussissent. Polytechnicien, il a fait presque toute sa carrière dans le groupe public de BTP Cosider. En trente ans de carrière, il gravit les échelons en passant d'ingénieur à P-DG de l'entreprise. Celui qui est également président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (Unep) a réussi à faire de Cosider un géant des travaux publics et du bâtiment, au point où beaucoup n'hésitent pas à le comparer, aujourd'hui, à la grande DNC de feu Abdelmadjid Aouchiche. Sous sa coupe, le groupe, qui était en grande difficulté, a réussi à remonter la pente pour devenir le numéro un en Algérie. Son profil de polytechnicien a fait qu'il diversifie les activités de Cosider, présent dans de nombreux domaines qui vont des travaux publics jusqu'à l'agriculture. En 2020, le groupe est classé 3e des groupes de Btph sur le continent africain. Un exemple de réussite pour ce manager de 64 ans. Des performances qui ont fait qu'en 2021, il est décoré de la médaille de l'Ordre de mérite nationale au rang de «Achir». Aujourd'hui, le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, lui a confié un grand ministère qui regroupe les travaux publics, l'hydraulique et Infrastructures de base. Une appellation qui en dit long sur le grand défi qui attend Rekhroukh. Mais le costume semble être tout indiqué pour ce manager en...béton! Kamel Bidari, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Un scientifique aux commandes Qui est le nouveau locataire du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique? En fait, Kamel Bidari, le remplaçant d'Abdelbaki Benziane n'est pas étranger au monde universitaire où il a, longtemps, exercé en tant qu'enseignant. Bidari est, en effet, un scientifique de renommée internationale, qui a excellé dans le domaine de la géophysique. Il a également occupé le poste de recteur de l'université de M'sila. Le nouveau Mesrs est né en 1960, à Biskra. On lui attribue un ensemble de mérites, notamment l'amélioration de la classification de l'université, en matière d'inventions, d'innovations et de numérisation. Excellant dans le domaine des mathématiques et de la physique, le professeur Bidari a fait sensation en Russie où il a exercé, quelques années durant. De retour en Algérie, il formera plusieurs promotions d'étudiants algériens, auprès desquels il laissera une bonne impression. Bénéficiant de la confiance du président de la République, il aura la responsabilité de gérer le lourd dossier de la modernisation de l'université algérienne et d'entamer la réforme de l'enseignement supérieur. Abdelhak Saïhi, ministère de la Santé Des engagements aux actes Le professeur Abderrahmane Benbouzid cède sa place à son secrétaire général, le professeur Abdelhak Saïhi. Les différents personnels du ministère de la Santé ne devront pas, ainsi, être totalement dépaysés. Le nouveau ministre de la Santé, nous dit-on, s'est distingué par une gestion harmonieuse et adaptée du secteur, à l'occasion de nombreuses occasions. Professeur Saïhi a également eu à gérer les destinées de l'Ecole supérieure d'administration, en qualité de directeur général. Durant sa carrière, le nouveau ministre de la Santé a également occupé le poste de directeur général de l'Ecole nationale des mines et de l'administration de la santé. Le remplaçant de Benbouzid est également connu pour ses nombreuses contributions et lectures critiques à l'endroit du système de la santé en Algérie. Il est l'auteur, notamment, d'une Analyse critique de la gestion de l'institution sanitaire algérienne: aspects organisationnels et impact du pouvoir central - enjeu et stratégie». Avec son intronisation à la tête du secteur de la santé, le professeur Saïhi aura toute la latitude de procéder à une refonte globale du système de la santé ou, du moins, proposer des alternatives adaptées et pragmatiques aux problématiques posées.