Après des années d'hésitation, le gouvernement semble décidé à reprendre les choses en main Quatre ans après sa «délocalisation», la Gendarmerie nationale sera enfin de retour en Kabylie. Cette information a été confirmée, hier, par le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M.Nouredine Yazid Zerhouni, en marge de la clôture de la session de printemps du Sénat. Le ministre s'est contenté d'assurer que le redéploiement des services de la gendarmerie «se fera conformément aux attentes de la population locale». M..Zerhouni n'a avancé aucun détail sur le sujet en question. Cette déclaration renseigne sur le fait que le retour effectif et complet des casquettes vertes en Kabylie n'est qu'une question de temps. Après des années d'hésitation, le gouvernement semble décidé à reprendre les choses en main et rétablir l'ordre dans cette région qui connaît un grave déficit en sécurité. Le départ de la Gendarmerie nationale, faut-il le rappeler, a été revendiqué par la population de la région et en particulier par le mouvement des archs suite aux événements du Printemps noir qui ont causé en 2001 la mort du jeune Massinissa. Afin d'apaiser la situation de tension dans cette région, et après la persistance du mouvement des archs quant au départ définitif et immédiat de ce corps, le gouvernement a procédé en 2002 à la délocalisation de quelques brigades de gendarmerie. Or, cette revendication n'a pas été sans conséquences sur la dégradation du climat sécuritaire. La preuve que le constat établi au bout de ces quatre ans, est déplorable. La situation en Kabylie s'est nettement dégradée ces dernières années, laissant place à la prolifération de différents mouvements de banditisme et d'agression. En plus du phénomène du terrorisme, les vols et les agressions sont devenus légion. L'absence de la police dans plusieurs communes rurales, ajoutée au retrait des brigades de la gendarmerie, ont fait exploser le phénomène des cambriolages qui a pris des proportions alarmantes. De fait, les citoyens ne se sentent plus en sécurité. Plusieurs enlèvements ont été enregistrés récemment. Face à cette situation, les citoyens de la région ont fini par réclamer le retour des éléments de la gendarmerie, et ce, dans le souci de rétablir l'ordre. Les partis politiques ont également appuyé cette proposition. D'ailleurs, l'ensemble des élus, toutes colorations politiques confondues, ont estimé nécessaire le retour de la gendarmerie pour lutter contre la délinquance et ramener la sécurité dans cette région. Cependant, le mouvement citoyen refuse catégoriquement cette thèse. Pour les délégués des archs, il est clair que la question du départ du corps de la gendarmerie de la Kabylie «refait surface par intermittence à coups d'arguments fallacieux d'insécurité ; c'est une revendication légitime et consensuelle pour qu'elle soit objet de polémique». Bien que le problème d'insécurité soit devenu palpable en Kabylie, les délégués de l'interwilayas restent convaincus que cette question relève d'«une opération de manipulation tous azimuts», mais qui ne peut, toutefois pas, selon eux, «effacer, de la mémoire collective, le génocide perpétré par ce même corps voué aux gémonies par toute une population». Même si le mouvement campe sur sa position, il n'en demeure pas moins que le retour de la gendarmerie est une question imminente. Le rétablissement de la sécurité dans cette région, qui a son poids sur le plan politique, demeure l'une des préoccupations des pouvoirs publics, à la veille de la révision de la Constitution et de la tenue des élections législatives. Afin de préparer le terrain, des portes ouvertes sur la gendarmerie ont été organisées récemment au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou. Cette manifestation était l'occasion pour renouer le contact entre les citoyens et les gendarmes. Le lieutenant-colonel Hocine Gahfas, du groupement de la gendarmerie, a déclaré dans un point de presse que les compétences des gendarmes en matière de lutte contre la criminalité répondent «aux sollicitations et aux exigences des citoyens». Ce dernier reconnaît que les missions du corps de sécurité ont changé après les événements de Kabylie et que «cela a été une véritable leçon pour nous». Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les gendarmes redoublent d'efforts et 17 barrages opérationnels sont installés à cet effet. Pour l'été 2006, c'est le plan Delphine qui sera mis en action dans le cadre de la sécurisation des côtes, parmi elles les plages de Sidi Khelifa et le Petit Paradis dans la daïra d'Azeffoun.