La petite Rawane Hajjaj, six ans, son frère Mohamed, 23 ans, sa mère Amina, voilà les cibles «terroristes» sur lesquelles s'acharne Israël. Samedi, une foule nombreuse a porté à leur dernière demeure les corps de cette famille palestinienne décimée par un missile israélien. L'armée israélienne a justifié ce nouveau crime contre le peuple palestinien arguant que c'était une attaque contre un «important» groupe «d'activistes» palestiniens, confirmant surtout le fait que, pour l'armée israélienne, tout Palestinien qui ne se soumet pas au diktat d'Israël, fut-il un bébé, comme la petite Rawane, six ans -assassinée par l'armée israélienne en même temps que sa famille- est un terroriste de fait, sinon potentiel, dont la mort est, de toutes les manières, ‘'justifiée''. Ces crimes contre l'humanité sont commis par Israël, depuis le 28 juin, dans la bande de Ghaza sous le regard impassible, sinon indifférent, de la «communauté internationale» qui est aujourd'hui complice dans ces crimes ignobles. Washington, membre permanent du Conseil de sécurité, «parrain» du processus de paix au Proche-Orient, répète invariablement qu'Israël (qui occupe des territoires appartenant à un autre peuple) a le droit «de se défendre». Certes! Mais, quels sont les droits des Palestiniens à faire valoir ces mêmes droits (se défendre contre l'occupation) et avoir celui d'ériger leur Etat indépendant? C'est de fait la question fondamentale de la crise israélo-palestinienne, lorsque la «communauté internationale» ne prend en compte que l'aspect ''sécuritaire'' d'Israël ignorant totalement les droits des Palestiniens et les raisons premières de la violence qui perdure depuis quarante ans dans les territoires palestiniens. Dans l'affaire de la capture du soldat Gilad Shalit, prisonnier de guerre en réalité -dont le sort aurait pu être réglé par la négociation, ou solutionné par une issue conforme aux règles établies par les Conventions de Genève pour ces cas de figure- Israël a refusé d'emblée le premier cas de figure en rejetant l'offre de négocier du Hamas, et ignore la seconde ouverture que sont les conventions de l'ONU sur les prisonniers de guerre, qui auraient permis de faire visiter son ressortissant par les ONG internationales. Au lieu de quoi, Israël a privilégié la force en s'acharnant depuis près de quinze jours sur la population de Ghaza première cible des bombardements de son aviation, des tirs de son artillerie avec des dégâts matériels et humains énormes -sans être assuré de retrouver le caporal Shalit vivant- sans susciter la condamnation par la «communauté internationale» des crimes qu'Israël commet à l'encontre du peuple palestinien, qui a comptabilisé près de 50 victimes depuis jeudi dernier, dont l'énorme majorité sont des civils non combattants. Encore que ce terme de ‘'combattants'' est inapproprié et doit être relativisé au regard de l'armada mise en oeuvre par Israël qui a même rappelé des réservistes, tout cela dans l'objectif de lutter contre des tireurs de roquettes qui font plus de bruit que des dégâts réels. Or, la «communauté internationale» qui a toujours été prompte à condamner durement les attaques de la résistance palestinienne, essaie en revanche d'arrondir les choses pour ne pas avoir à dénoncer de la même manière les crimes israéliens, comme en témoignent les réactions de ces derniers jours. En détruisant l'unique centrale électrique de Ghaza, en démolissant les infrastructures économiques et administratives, connotés à des crimes de guerre -condamnés par les lois internationales en vigueur- Israël vise en fait à affamer et à détruire la population de Ghaza. Or, loin de condamner cet acte barbare, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, qui note que la destruction de la seule centrale électrique de la bande de Ghaza a eu un impact «d´une portée incalculable» sur les hôpitaux et les systèmes d´égouts et de distribution de l´eau du territoire, «appelle» le gouvernement israélien à «remplacer» d´urgence les équipements détruits. Et M. Annan d'ajouter: «Je renouvelle mon appel à tous ceux concernés d´exercer la plus grande retenue et de respecter leurs obligations en vertu des lois humanitaires internationales.» Il était en fait attendu une autre appréciation de la situation de la part du premier responsable mondial dont la mission est avant tout de préserver la vie des gens, notamment celle des Palestiniens dont les territoires sont occupés par une puissance étrangère, Israël. Dans cette démission générale de la «communauté internationale» devant Israël c'est encore la Fédération internationale des droits de l´Homme (Fidh) qui a exhorté le Conseil de sécurité de l´ONU à intervenir face à la «situation dramatique» qui prévaut dans la bande de Ghaza, en l´appelant, notamment, à détacher une «force internationale d´interposition». Solution demandée en vain, de son vivant, par le président palestinien Yasser Arafat, mais refusée par Israël et les Etats-Unis, ces derniers usant même de leur veto en 2002 pour bloquer une résolution de l'ONU dans ce sens, laissant ainsi au seul Israël de décider du sort des territoires palestiniens et de celui de tout un peuple. Aujourd'hui, le monde entier focalise sur le soldat Gilad Shalit alors que depuis quarante ans le peuple palestinien attend en vain l'aide d'une «communauté internationale» demeurée sourde à ses appels au secours.