Les corps de la petite Rawane Hajjaj, 6 ans, de son frère Mohammed, 23 ans, et de sa mère Amna ont été portés par la foule à travers les rues de Gaza. Samedi dernier, un missile a frappé le jardin où la famille avait l'habitude de s'installer presque chaque soir. L'attaque, qui, d'après l'armée israélienne, a visé et atteint un groupe d'activistes, est l'une des plus violentes depuis que l'Etat hébreu a commencé son offensive massive dans la bande de Gaza pour mettre fin aux tirs de roquettes et retrouver un soldat israélien capturé le 25 juin. "S'il y avait le moindre doute à ce sujet auparavant, ces martyrs nous apprennent que nous sommes obligés de lutter contre l'occupation sioniste", a affirmé un prédicateur devant des centaines de personnes à la mosquée Al Amri de Gaza. La maison des Hajjaj se tient, isolée, en bordure est de la ville de Gaza. Séparée des allées étroites et surpeuplées de Gaza, elle donne sur des entrepôts industriels et sur de la terre agricole vallonnée le long de la frontière israélienne. La maison est bien entretenue et spacieuse, selon les standards de Gaza. Le jardin est rempli de figuiers et de vigne ainsi que de fleurs jaunes en pleine floraison. Un coq se pavane dans un poulailler et un chien, enchaîné à la clôture, aboie contre les visiteurs. "Leur père a travaillé dur pour construire cette maison", dit Nasser Hajjaj, 40 ans, un cousin. Et il a tout fait pour en éloigner les activistes. Il leur disait toujours : "s'il vous plaît, ne venez pas près de cette maison." Dans les heures précédant le tir de missile contre la maison des Hajjaj, 4 hommes armés ont été tués dans des heurts sporadiques avec les forces israéliennes. Au coucher du soleil, les rues et les champs à l'extérieur de la maison commençaient à revenir au calme, se souviennent des membres de la famille ayant survécu à l'attaque. "C'était calme", affirme Anwar Hajjaj, le beau-frère de la mère de famille, qui quittait la maison au moment où le missile a frappé. "Il y avait même des enfants qui jouaient dans la rue." Amna Hajjaj, 45 ans, décrite comme une femme forte et généreuse, s'était assise avec sa famille dans le jardin, buvant du thé et grillant du maïs, comme ils le faisaient presque tous les soirs. Cette mère de 14 enfants était entourée de 5 de ses fils, de son beau-frère, de sa fille de 6 ans et de son mari Farid. "C'était leur habitude de s'asseoir dehors le soir", affirme Anwar. "Tous les jours ils faisaient cela, invasion ou pas invasion." R. I.