L'automne de l'année en cours s'annonce riche en textes qui engagent l'avenir du pays. Les officiels algériens ont une âme de poète. Ils se laissent aller dans la contemplation des feuilles d'automne tourbillonnantes, dans un moment de rêverie et d'inspiration. Car ce n'est point le fruit du hasard si les grandes réformes bourgeonnent précocement en automne. Depuis 1988, depuis que les dernières feuilles de la pensée unique sont tombées, le souvenir des grandes mutations automnales reste vivace. On se souvient du discours de Chadli Bendjedid du 16 septembre qui avait mis le feu aux poudres puis des émeutes du 5 octobre qui sont à l'origine de la démocratisation du pays. On aime présenter l'automne sous le titre de «rentrée sociale» comme pour mieux évacuer l'espace pour poser les réformes. Le référendum sur la Constitution de 1996 a eu lieu aussi en septembre, tout comme les deux référendums sur la concorde et la Charte pour la paix et la réconciliation. Le prochain aura lieu cet automne. Les partis politiques, hostiles à la démarche, sont désormais partants pour un référendum. Les élections locales autant que les sénatoriales se déroulent en automne. Seules la présidentielle et les législatives, qui demandent beaucoup d'énergie et de sueur, ont lieu à la fin du printemps ou au commencement de l'été précoce. L'automne de l'année en cours s'annonce riche en textes qui engagent l'avenir du pays. On compte procéder à la révision de la Constitution de 1996, à revoir les codes communal et de wilaya, du travail, des lois relatives à l'information, aux lois électorales et des partis politiques ainsi que celle de la Fonction publique. Par l'entrée sociale 2006-2007 sera principalement marquée par le débat sur les augmentations de salaires. La tripartite devra se réunir dès septembre prochain pour débattre de la grille des salaires et du Snmg. L'activité partisane connaîtra également une activité fiévreuse. La course aux candidatures pour les législatives débutera dès le début d'automne. L'action du gouvernement ira crescendo. Outre le dossier des salaires, l'Exécutif aura la lourde tâche d'absorber les relents de la fronde sociale. Les derniers troubles de Ksar Chellala, Fouka ou Béchar sont annonciateurs d'un malaise social préoccupant qui ronge des pans entiers de la société, au moment où l'on se dit immunisé contre ces turbulences et que le matelas financier permet un instant de répit. Ainsi, l'automne est porteur d'éléments nouveaux pour la vie politique et sociale, d'une manière générale. On s'oriente vers une donne politique nouvelle qui pourra se caractériser par des mutations profondes. La réhabilitation de l'éthique en politique prédominera dans les débats à venir. L'amendement des lois électorales présente matière à réflexion. Le secrétaire général du FLN, actuellement chef de l'Exécutif, disait tout récemment qu'il penchait plus vers un nouveau régime électoral. Le système de la proportionnelle semble avoir atteint ses limites. La réflexion évolue plutôt vers un système uninominal à deux tours avec une nette préférence pour les listes nominatives. Le manque de représentativité dans les assemblées élues est dû en partie aux failles existant dans le régime électoral en vigueur. La réhabilitation de l'élu doit passer par des critères de choix à la base. C'est dire que beaucoup d'illusions tomberont avec les dernières feuilles d'automne.