Une large proportion des éléments radiés sont impliqués dans les événements de Kabylie. Ce n'est désormais plus un tabou. Après la Sûreté nationale, c'est au tour de la Gendarmerie nationale d'admettre des dépassements en son sein. En effet, quelque 4200 gendarmes ont été définitivement radiés, en l'espace de cinq années, de 2000 à 2005, nous a déclaré hier le chargé de communication de ce corps de sécurité, le colonel Ayoub Abderrahmane. Ce qui représente une moyenne de plus de 800 éléments par année, révoqués de leur profession «d'auxiliaire de justice». Ce dernier ajoute que le principal motif justifiant ces radiations est le manque de discipline constaté chez ces éléments. Lequel manquement disciplinaire qui est aussi étroitement lié aux douloureux événements du Printemps noir de Kabylie, qui ont eu lieu au mois d'avril 2001, et qui se sont soldés, rappelle-t-on, par la mort de plus d'une centaine de manifestants. L'on remarque ici que le chargé de la communication de la gendarmerie nationale ne précisera pas quel est exactement le nombre des Gendarmes qui sont traduits devant la justice pour s'expliquer au sujet de leurs dépassements durant les événements de Kabylie. C'est en effet ce genre de comportement qui est derrière l'hostilité ouvertement affichée par la population Kabyle à l'égard de la gendarmerie et ce, avant qu'il ne soit procédé au retrait pur et simple de plusieurs brigades de cette région. Un retrait qui s'est inscrit dans le temps, et qui tire à sa fin à la faveur de la récente déclaration du ministre de l'Intérieur Nouredine Yazid Zerhouni, faisant état du retour, du reste indispensable, des troupes de la gendarmerie en Kabylie. C'est là en effet une déclaration qui est susceptible de provoquer un grand soulagement au sein de la population Kabyle dont la région a été réduite à une véritable zone criminogène depuis avril 2001. Nombreux sont les actes de violence et de banditisme qui ont été signalés en Kabylie, en particulier dans des régions rurales dépourvues de toute couverture sécuritaire du fait, notamment, du retrait des éléments de la gendarmerie. Autrement dit, le phénomène de la criminalité a réellement atteint son paroxysme et va de l'atteinte aux biens publics et privés jusqu'aux enlèvements de personnes richissimes de la région en passant par les vols et agressions qui sont signalés au quotidien. Ceci pour résumer tout l'impact de la déclaration du ministre de l'Intérieur qui s'inscrit en harmonie avec l'une des préoccupations les plus élémentaires de la population kabyle, à savoir la sécurité. D'autre part, et pour revenir aux mesures disciplinaires par lesquelles un total de 4200 gendarmes ont été démis de leurs fonctions, celles-ci ont également trait, croit-on savoir, aux différents cas d'abus de pouvoir et de corruption dont les auteurs sont justement des éléments indélicats chassés de la corporation par la petite porte. En ce sens, le colonel Ayoub pour qui ce n'est guère un tabou de parler de gendarmes révoqués, nous a rappelé l'anecdote du chef de brigade de la ville de Khenchela qui a été écroué après avoir asséné injustement une gifle à un jeune citoyen de cette localité. Ainsi, notre interlocuteur tente à travers l'évocation de ce souvenir déplorable d'accréditer la thèse selon laquelle l'état-major de la gendarmerie ne tolèrera plus le moindre dépassement de ses éléments qui sont du reste sévèrement sanctionnés. D'ailleurs, et du fait que les gendarmes sont considérés comme des auxiliaires de la justice, il se trouve que le travail accompli par les éléments de la gendarmerie est aussi apprécié, voire notifié par les magistrats et/ou les procureurs de la République. Toujours est-il que cette sortie médiatique du commandement de la Gendarmerie nationale atteste de la bonne volonté de cette corporation d'agir dans la transparence, en mettant à l'avant-garde des ses préoccupations, cette règle d'or utile dans toute opération de communication. L'on apprend, en outre, de notre interlocuteur que durant le quinquennat 2000-2005, quelque 12.300 gendarmes ont été mis à la retraite, et ce «dans le souci du rajeunissement des effectifs de la corporation», notera à ce sujet le colonel Ayoub. Notons enfin que les vagues de radiations d'une corporation professionnelle ne concernent pas uniquement la Gendarmerie nationale puisque de nombreux policiers, d'avocats et magistrats ont été aussi démis de leurs fonctions.