Certains régimes arabes osent s'attaquer à des forces qui tiennent tête à l'une des armées les plus puissantes de la région. Le ministre israélien Zeev Boïm, chargé de l'Immigration et proche du Premier ministre Ehud Olmert, s'est félicité des «pressions croissantes exercées sur le Hezbollah de façon très courageuse à l'intérieur du Liban ainsi que par les pays arabes, modérés, tels que l'Egypte». Des propos qui illustrent bien les profondes divergences qui minent les relations entre les pays arabes qui ne sont même pas capables de tenir un même langage en direction d'un ennemi commun :Israël. Au moment où les chefs d'Etat du monde entier, à l'exception des USA, haussent le ton pour dénoncer la riposte jugée «disproportionnée» de l'armée sioniste à la capture de deux de ses soldats sur le champ de guerre, certains régimes arabes ne se contentent plus des communiqués laconiques de soutien aux frères massacrés et de réunions stériles sans suite, mais osent s'attaquer à des forces qui tiennent tête à l'une des armées les plus puissantes de la région. L'Egypte et l'Arabie Saoudite pointent du doigt le Hezbollah qui serait la cause de l'escalade militaire au Liban. Donnant plus de crédit à la position du gouvernement libanais qui a démenti toute implication dans l'action militaire exécutée par le mouvement de Nasrallah. Ryad s'est démarqué du mouvement libanais Hezbollah dont il a dénoncé «l'aventurisme irresponsable» après la capture de deux soldats israéliens, tout en réaffirmant son soutien à «la résistance légitime» contre Israël. Un membre du Conseil consultatif saoudien, Mohammad Al Zalfa, a annoncé que la position du royaume, qui appuie financièrement le Liban, vise à «éviter à la région, davantage de malheurs». L'Arabie Saoudite qui a parrainé, faut-il le rappeler, l'Accord de Taïf ayant mis fin en 1989 à quinze ans de guerre civile, s'est «rangée du côté du Liban dans son épreuve». Tout en accordant un intérêt particulier à l'aspect financier en soutenant que «tous les efforts des Libanais pour reconstruire leur pays risquent d'être détruits par cette guerre». Une vision surréaliste et «disproportionnée», pour reprendre ce terme d'actualité qui ferme les yeux sur la sauvagerie d'une agression qui a commencé par la punition des Palestiniens de la bande de Ghaza et le kidnapping des membres du gouvernement formé par le mouvement Hamas, porté au pouvoir par des élections démocratiques et libres. Ces réactions ont conduit le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranien, Ali Larijani, à se rendre, hier, en Arabie Saoudite pour discuter du conflit au Liban et dans les territoires palestiniens, a rapporté la télévision d'Etat. M.Larijani aura des discussions avec le roi Abdallah et son homologue saoudien, le prince Bandar bin Sultan, secrétaire du Conseil de la sécurité nationale du royaume. Selon la télévision d'Etat, les deux responsables discuteront des «relations bilatérales et des événements dans la région, en particulier la situation en Palestine et au Liban». Cette visite a tout l'air d'une action diplomatique, en réponse à la position des Saoudiens sur le conflit ouvert au Liban qui est en net décalage avec la réalité régionale. Une expansion du conflit n'est pas à exclure puisque Israël n'exclut pas une attaque contre la Syrie qu'elle accuse ouvertement d'être derrière l'armement des troupes du Hezbollah. Une accusation qui n'épargne pas les Iraniens. Un responsable du renseignement militaire a fait savoir, sous couvert de l'anonymat, qu'une centaine de gardiens de la Révolution iraniens étaient actuellement au Liban, où ils font office de conseillers militaires pour le Hezbollah. Une manière d'impliquer directement l'Iran dans le conflit, après l'avoir cité dans l'affaire du missile de fabrication iranienne, qui a détruit une corvette de la marine israélienne, stationnée dans les eaux territoriales libanaises. L'anéantissement du Hezbollah, objectif d'Israël n'est plus une priorité des Américains qui ont atténué leur position radicale sur le sujet, en exigeant, hier, du Hezbollah qu'il dépose les armes et cesse ses attaques contre Israël pour mettre fin à l'escalade de la violence au Proche-Orient. Bush pense que «la meilleure façon de stopper la violence est que le Hezbollah dépose les armes, cesse d'attaquer Israël». La force de frappe du Hezbollah, qui a montré qu'il pouvait attaquer Israël en profondeur, a déstabilisé les plans concoctés par les puissants alliés qui ignorent jusqu'où peut aller Nasrallah. La réponse est entre les mains de l'axe Téhéran-Damas.