Lundi dernier, le Conseil de sécurité de l'ONU s'est penché sur la crise libyenne, à la lumière du rapport présenté par le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, ainsi que de l'exposé de son envoyé spécial Abdullah Bathili qui a effectué un séjour dans le pays où il a rencontré toutes les parties prenantes. C'est ainsi qu'il a eu des entretiens avec les trois membres du Conseil présidentiel, le chef du gouvernement d'union nationale, celui du gouvernement nommé par le Parlement, le président du Parlement, le chef des milices de l'Est Khalifa Haftar, les membres du Comité militaire mixte et le président de la Compagnie nationale du pétrole (CNP). «Je suis ici pour travailler avec tous les frères et soeurs en Libye», leur a-t-il assuré, mettant l'accent sur sa «priorité» qui consiste à identifier une voie consensuelle pour la «tenue d'élections inclusives et crédibles, dans les meilleurs délais». Il ressort de cette première visite du représentant onusien et chef de la Manul dont le mandat doit être renouvelé fin octobre, que le vent n'est pas vraiment à l'optimisme. Les entretiens de Bathili avec le chef d'état-major libyen, le général de corps d'armée Mohamed al Haddad, et le chef de la Haute Commission électorale nationale lui ont néanmoins permis d'insister sur la nécessaire préservation du cessez-le-feu indispensable à l'organisation éventuelle des élections que réclame la communauté internationale. Celle-ci apporte, en outre, un soutien ferme à la CNP dont elle exige que soit respecté le statut d'institution souveraine par l'ensemble des parties au conflit. Aussi «fructueuses» qu'elles puissent paraître, les discussions que Bathili a eues, tant à Tripoli qu'à Benghazi, ont mis en évidence une certaine inquiétude quant à la persistance du blocage qui mine les efforts de la communauté internationale depuis bientôt trois ans. Du coup, le représentant du Royaume-Uni au Conseil de sécurité n'a pas caché sa déception, soulignant qu'il « est regrettable que les élites politiques libyennes ne se soient mises d'accord sur aucune base pour les élections présidentielle et législatives». Un constat partagé par ses homologues américain et français qui exhortent tous les acteurs à unir les institutions «car la situation actuelle est sujette à l'ingérence et à la division». Paris ajoute que si l'unification des forces armées est une «nécessité», celle du retrait des forces étrangères, combattants et mercenaires de Libye est une «priorité». Tous appellent à une «nouvelle feuille de route politique» pour mettre le pays sur la voie des élections aussi bien à Tripoli, Benghazi que Sebha. Et tous soulignent le caractère «inacceptable» d'un recours à la «violence pour faire avancer des objectifs politiques». Qu'en sera-t-il de ces voeux pieux face au terrain miné qui voit les mêmes parties, à l'Est comme à l'Ouest, saluer une solution de la crise «par et pour les Libyens», mais à la condition de privilégier leurs position et intérêts...