À peine débarqué à Tripoli, le nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU en Libye, «Abdoullah Bathili» a énoncé son programme d'action dont une des priorités concerne la recherche d'un consensus permettant d'organiser des élections générales crédibles. Pour ce faire, il estime que la condition première sera de parvenir à un cadre constitutionnel solide, c'est- à -dire communément approuvé par l'ensemble des parties prenantes à la crise actuelle, et qu'à partir de là il sera possible de relancer le processus électoral sans risque d'aboutir à l'échec de décembre 2021. L'émissaire onusien entend renforcer l'unité et la stabilité du pays dès que l'ensemble des institutions majeures auront retrouvé leur indispensable légitimité. Convaincu du bien-fondé de sa démarche, Bathili a dévoilé les étapes à parcourir lentement et sûrement, non sans préciser que, dans les jours qui viennent, il compte s'employer à rencontrer lesdites parties à travers l'ensemble de la Libye. Vaste programme dont on imagine qu'il va concourir à une floraison de visions contradictoires de l'avenir du pays où les ingérences étrangères demeurent plus actives que jamais. Il n'empêche, le chef de la Manul et représentant spécial d'Antonio Guterres dit compter pleinement sur le soutien des Nations unies à ces objectifs qui doivent rendre justice aux attentes des millions de Libyens frustrés par l'annulation du scrutin du 24 décembre 2021, après s'être massivement inscrits sur les listes électorales. Pour lui, comme pour l'ONU, et, on le suppose, pour le Conseil de sécurité également, la tenue des élections présidentielle et législatives est une exigence qui doit être respectée par l'ensemble des factions, quelle que soit leur obédience. Plus facile à dire qu'à faire mais l'ambition mérite d'être soutenue et c'est ce qui ressort des entretiens que Bathili a eu aussi bien avec le président du Conseil présidentiel Mohamed Al Menfi et un des deux autres membres de l'instance, Abdullah Al Lafi ainsi qu'avec le Premier ministre du gouvernement d'union, issu du FDPL de 2021, Abdelhamid Dbeibah. Les salutations d'Antonio Guterres transmises, Bathili s'est vu assuré par ses interlocuteurs de leur entière disponibilité à oeuvrer en faveur d'une solution politique urgente à la crise qui affecte la Libye. Il est vrai que le Conseil présidentiel joue, ainsi que l'a relevé l'envoyé personnel onusien, un rôle essentiel dans le maintien de la paix et de la stabilité du pays, malgré les aléas qui ont émaillé la scène tripolitaine où des affrontements meurtriers ont opposé des milices favorables les unes au camp Dbeibah et les autres au camp Bachagha. En écho à ces concertations très diplomatiques, Guterres est intervenu voici trois jours pour affirmer que l'ONU cherche à éviter le scénario du pire en Libye et que, pour cela, la tenue des élections est une nécessité impérieuse. Il a, du coup, révélé l'intention du ministère allemand des Affaires étrangères de relancer la Conférence de Berlin, l'outil international le plus à même pour parvenir à une solution réelle de la crise. Il a, de ce fait, exhorté les instances législatives libyennes, la Chambre des Représentants (Parlement, basé à Tobrouk) et le Haut Conseil de l'Etat (Sénat, basé à Tripoli) à finaliser le dispositif constitutionnel dont dépend l'organisation des élections. Prenant acte de la difficile mission de son représentant spécial dont on ne sait encore quel sera «le plus grand défi», Guterres conclut qu'il est important de préserver l'accord de cessez-le-feu en tant qu'instrument majeur de la stabilité de la Libye.