Le Conseil des ministres arabes des Affaires étrangères a entamé ses travaux, hier en fin d'après-midi. Débutée par un discours du ministre tunisien des Affaires étrangères, la réunion devra valider les 24 clauses proposées par les délégués permanents de la Ligue des Etats arabes et les Conseils économiques et sociaux arabes. Cela avant de présenter un document au Conseil des chefs d'Etat de l'organisation panarabe. L'enjeu de cette réunion est capital, à la hauteur du contexte géopolitique mouvant et de la situation désastreuse dans certains pays arabes. Le ministre tunisien a d'ailleurs fait état des grandes difficultés que vivent les peuples en Libye, au Liban et au Yémen. Prenant la parole, Ramtane Lamamra a confirmé les propos de son homologue tunisien et souligné le caractère exceptionnel du contexte qui préside au déroulement du 31e Sommet arabe d'Alger. Le ministre des Affaires étrangères a mis l'accent sur le succès de la rencontre inter-palestinienne d'Alger, mais relèvera également les difficultés auxquelles fait face la nation arabe. S'inclinant à la mémoire des victimes du double attentat perpétré devant les locaux du ministère de l'Education, en Somalie, Lamamra a exprimé la solidarité des pays arabes au peuple somalien. Cet acte terroriste est ainsi venu rappeler aux dirigeants arabes, tout le chemin qu'il va falloir parcourir pour pacifier une région aux prises à des crises multiples qui ont débuté à la fin du siècle dernier et qui continuent leur oeuvre déstabilisatrice de nombreux pays arabes. Les solutions peuvent venir, en partie en tout cas, des 24 clauses qui remonteront jusqu'au Conseil des chefs d'Etat. À ce propos, le chef de la diplomatie algérienne a appelé à un esprit de solidarité et de consensus pour garantir la réussite du Sommet qui se tient, dira-t-il, à une date symbole pour l'Algérie, ainsi que pour l'ensemble des pays arabes. De son côté, le secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Aboul Gheit, a souligné l'importance de la Ligue arabe en tant que principal outil de l'action arabe. Il rendra également hommage au Conseil des ministres des Affaires étrangères, pour avoir maintenu un contact permanent entre les pays durant les trois années qui ont séparé les 30e et 31e Sommet. Insistant sur la crise alimentaire qui sévit dans de nombreuses contrées arabes, Aboul Gheit a mis l'accent sur la nécessité d'une action arabe commune pour gérer au mieux cette grave crise. Il citera l'exemple de la Somalie, dont la moitié de sa population vit une situation de sous-alimentation, comme pour illustrer la responsabilité des élites vis- à- vis du drame somalien. Concernant les défis internationaux que doit affronter le Monde arabe, le SG recommande une posture unitaire de la part de l'ensemble panarabe. Il a regretté un manque flagrant de coordination face aux situations conflictuelles à l'intérieur comme à l'extérieur de l'ensemble arabe. Il citera prioritairement les crises qui menacent dangereusement la stabilité même du Monde arabe. La situation difficile qui prévaut en Libye, la guerre qui fait rage au Yémen et les difficultés économiques quasi insurmontables au Liban, sont autant de cas d'échec de l'action arabe, aujourd'hui dispersée et qui gagnerait à plus de cohésion, a estimé le diplomate égyptien. Cette dispersion est d'autant plus destructrice de l'esprit d'unité recherchée depuis des années, qu'elle a conduit à des situations d'ingérences inacceptables de puissances étrangères dans des conflits internes à des pays arabes. Concernant la cause palestinienne, Aboul Gheit a dénoncé les agressions israéliennes et affirmé que l'attitude d'Israël face aux Palestiniens a tendance à enterrer l'accord d'Oslo. «La situation dans les territoires occupés est au bord de l'explosion», témoigne ainsi le secrétaire général de la Ligue des Etats arabes. Pour lui, «le statu quo imposé par Israël n'est pas tenable. Seule une solution à deux Etats est viable», a-t-il assuré, saluant par là même la réconciliation inter-palestinienne scellée à Alger. Mais, dira Aboul Gheit, la «Déclaration d'Alger» pour la réconciliation inter-palestinienne ne vaudra que par son application sur le terrain. Le ministre des Affaires étrangères a levé la séance. Signe du début du Conseil des ministres préparatoire au Sommet arabe d'Alger.